LE QUOTIDIEN - L’ISNIH a décidé ce week-end d’entamer un mouvement de contestation en juin si le Sénat ne retire pas deux amendements du projet de loi HPST qui visent à limiter le secteur II. Pourquoi cette position alors que vous avez toujours soutenu ce texte ?
BENOÎT ELLEBOODE - Tout simplement parce que nous avons été mis au courant par l’UCDF des amendements concernant le secteur libéral déposés par messieurs Préel et Bur après avoir rédigé un communiqué de presse commun avec l’ISNAR et l’ANEMF dans lequel nous expliquions les dispositions de la loi sur la liberté d’installation. On peut être d’accord pour dire qu’il y a un problème d’accès aux soins en France pour certaines spécialités et pour une certaine partie de la population mais l’amendement proposé ne résout pas du tout le problème. Il cible des chirurgiens qui exercent principalement dans des zones où il y a peu de médecins et d’offre publique. Et ce sont ces chirurgiens qui font déjà le plus d’interventions en urgences, qui prennent le plus en charge des patients en CMU et qui font les dépassements les moins importants. Ce sont ces chirurgiens qui font le plus d’efforts à qui on va encore en demander plus. Nous redoutons que cela n’entraîne un exode des chirurgiens des cliniques de ces bassins de vie vers des zones proches des CHU et des centres hospitaliers avec une offre de tarifs opposables. Ceci risque de déstructurer le maillage des cliniques privées qui essaient de survivre dans ces territoires.
La grogne monte à l’hôpital contre le projet de loi HPST. Après les PH, un collectif d’internes et de chefs de clinique est monté au créneau pour condamner l’attitude de l’ISNIH et menacer de lancer une contestation d’envergure en mai. Comment expliquez-vous ce mouvement d’humeur et quelle est aujourd’hui l’opinion de la majorité des internes vis-à-vis de la loi Bachelot ?
Nous avions beaucoup d’interrogations sur l’importance de ce mouvement des jeunes médecins. Certains se sont rendus à l’AG de l’ISNIH, essentiellement des Parisiens. Cela confirme ce que nous pensions. Ce mouvement a un relais d’information nationale mais il ne représente pas tous les internes de France. Jusqu’à preuve du contraire, l’opinion de la majorité des internes s’exprime en assemblée générale de l’ISNIH. Celle-ci s’est réunie samedi dernier et 23 villes sur 26 y étaient représentées. Elles ont renouvelé leur confiance dans le bureau de l’ISNIH pour gérer cette affaire. Nous avons décidé ensemble d’une stratégie commune votée à l’unanimité moins une abstention. La conduite à tenir est simple. Nous allons faire d’ici deux semaines des assemblées dans toutes les villes de France pour informer les internes, compter les forces et mobiliser les gens. D’ici-là, nous allons contacter les sénateurs et plus particulièrement ceux de la commission des affaires sociales ainsi que le rapporteur de la loi pour connaître leur opinion. Et si jamais nous voyons que ces derniers maintiennent les amendements en question, nous serons prêts à nous mobiliser pour les faire fléchir. Mais nous avons l’impression aujourd’hui que les sénateurs sont prêts à nous entendre.
Si les discussions avec les sénateurs n’aboutissent pas au retrait de ces amendements, quelles actions pourrait décider l’ISNIH dans les prochaines semaines ?
Le bureau proposera à l’assemblée générale de commencer un mouvement. Avec les internes, vous savez, c’est tout ou rien. Quand l’ISNIH est partie en grève, ça a toujours été un mouvement dur, total, illimité jusqu’à ce que ses revendications soient acceptées. Cela dépendra aussi de ce que les villes auront voté d’ici là. Mais nous n’excluons pas un mouvement de grande ampleur ! Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous partirons en grève au 1er juin. Nous sommes solidaires des chirurgiens (UCDF). Mais nous sommes susceptibles d’agir plus tôt en fonction de ce que décideront les sénateurs. Nous resterons vigilants lors de l’examen du projet de loi au Sénat.
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