« Cela fait plus de 15 ans que le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) se bat pour faire remonter la démographie, souligne son président, le Dr Thierry Bour.
Dans les années 2000, on annonçait une baisse de 40 % du nombre d’ophtalmologistes entre 2012 et 2025. On en formait environ 50 par an, alors qu’on prévoyait 3 600 départs en retraite sur quinze ans. Deux problèmes principaux se cumulaient : un numerus clausus très bas et le nombre de postes attribués à l’ophtalmologie, notoirement insuffisant par rapport à d’autres spécialités ».
Filirisation, déplafonnement
La situation s’est sensiblement améliorée ensuite. « Au lieu du système global de postes pour la filière chirurgie, nous avons obtenu en 2010 une filiarisation des postes par spécialité, avec 106 postes cette année-là – 159 l’an passé. En quinze ans, nous sommes donc passés de 50 nouveaux postes par an à près de 160. C’est bien, mais encore insuffisant. Les ophtalmologistes représentent 2,6 % des médecins en France et nous avons eu 1,9 % des postes à l’examen classant national (ECN), indique le président du SNOF. L’ophtalmologie reste en effet une spécialité attractive, nos postes font partie de ceux qui partent le plus vite. Il est quand même curieux que la spécialité étant reconnue comme la plus en pénurie et avec les délais d’attente les plus longs, ait proportionnellement moins de postes que la moyenne ! ».
Un autre facteur a joué un rôle favorable : le déplafonnement en 2010 du cumul emploi/retraite. « C’est une disposition qui a été très bien reçue par les médecins. En 2003, on recensait 122 ophtalmologistes de 65 ans et plus. Aujourd’hui, il y en a environ 850 », indique le Dr Bour, en évoquant aussi l’apport d’ophtalmologistes à diplôme étranger. « Entre 2009 et 2014, nous avons enregistré un peu plus de 60 arrivées par an en moyenne. Et l’an passé, 90 validations ordinales ont été délivrées à ces praticiens ».
Grâce à ces différentes avancées, la situation s’est un peu éclaircie sur le front démographique. « Au lieu du déficit annoncé de 40 % d’ici 2025, nous en sommes entre 5 et 10 %. Dans quinze régions, la densité en ophtalmologistes est supérieure à ce qu’elle était il y a dix ans, y compris dans les cinq qui étaient les plus déficitaires. Dans la région Nord-Pas-de-Calais, par exemple, le nombre de confrères a grimpé de 26 %. Cela n’a certes pas réglé le problème des délais d’attente, mais la situation est bien meilleure », indique le Dr Bour. Il faut cependant rester vigilant, car le gros des cessations d’activité est prévu dans les dix ans, avec une moyenne de 260/an.
Stages en libéral
L’augmentation du nombre de postes d’internes suppose bien sûr que soient disponibles de nouveaux terrains de stage. « Il faut d’abord sans doute développer les postes dans les hôpitaux périphériques, où les besoins sont souvent importants. Mais il est aussi indispensable de lancer réellement les stages dans le secteur libéral. N’oublions pas que nous sommes une spécialité libérale à 85 %, une passerelle entre le monde hospitalier et libéral serait une formation réaliste », indique le Dr Bour. Les orientations du Pacte territoire santé 2 récemment présenté par Marisol Touraine rencontrent son assentiment : « Elle a fait part de sa volonté de développer les stages en libéral en citant l’ophtalmologie. Pour y parvenir, il va falloir une nouvelle maquette du DES ». Le Collège des universitaires en ophtalmologie a déjà établi un cahier des charges des stages en libéral.
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