LA REFORME des études médicales est à un tournant. Et tous les acteurs du monde de la santé ne souhaitent pas prendre la même direction. Le projet du ministère de l’Enseignement supérieur, dévoilé dans nos colonnes, a semble-t-il surpris beaucoup de monde (« le Quotidien » du 22 février). L’une des principales pistes envisagées, la suppression de l’année de DCEM4 et des épreuves classantes nationales (ECN) pour permettre l’intégration des études médicales au cursus européen du LMD (Licence-master-doctorat) pose en particulier problème aux étudiants. « Les hypothèses de suppression du DCEM4 et des ECN n’ont jamais été des éléments retenus par le groupe de travail interministériel auquel nous participons », commente Chloé Loyez, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Ce groupe de travail, qui s’est déjà réuni à plusieurs reprises, rassemble des représentants du Centre national du concours de l’internat (CNCI), des deux ministères de tutelle (Santé et Enseignement supérieur) ainsi que des doyens et des étudiants. Il y a alors été question de diversifier les ECN – neuf dossiers de cas clinique auxquels s’ajoute une épreuve de lecture critique d’article (LCA) – mais pas de supprimer purement et simplement les ECN. « Nous ne sommes pas favorables à une réforme d’une telle ampleur avant une évaluation complète des facultés de médecine par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’Enseignement supérieur (AERES) », poursuit Chloé Loyez. Les étudiants ne souhaitent surtout pas mélanger la réforme des ECN, l’intégration des études médicales au cursus européen du LMD et l’allongement éventuel de certains diplômes d’études spécialisées (DES). « Il ne s’agit pas de réinventer l’eau chaude avec la mise en place du LMD mais de réorganiser l’enseignement et d’avoir une meilleure lisibilité de notre formation », indique Chloé Loyez. L’ANEMF souhaite que le passage des études médicales au LMD permette de « porter les valeurs de mobilité » et ouvre des perspectives de réorientation.
Les doyens s’étonnent de l’annonce d’intentions aussi radicales du ministère de l’Enseignement supérieur. « Ce n’est pas une manière d’introduire un élément de discussion, commente le Pr Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens. Depuis trois ans, certains demandent de supprimer une année des deux premiers cycles pour l’ajouter à l’internat. C’est une vision très mathématique. Nous sommes prêts à des réformes mais ne cédons pas à la précipitation car les ECN n’ont pas que des mauvais aspects ». Le Pr Patrick Berche, doyen de Paris V, s’oppose aussi à la suppression du DCEM 4 et aux épreuves classantes nationales (ECN). « Cela aurait des conséquences sur le niveau des étudiants, confie-t-il. On ne peut pas compacter aussi facilement l’enseignement de la médecine de 6 ans en 5 ans. Cela poserait aussi la question de la sélection des étudiants sur le seul contrôle continu. Il me semble préférable d’attendre l’évaluation des facultés par l’AERES avant d’entreprendre une réforme. » La refonte des ECN fait débat. Elle devrait faire couler beaucoup d’encre.
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