LES CANDIDATS aux épreuves classantes nationales (ECN) vivent des émotions fortes ces dernières heures. À peine viennent-ils de découvrir leurs résultats et leur classement qu’ils doivent se projeter sur le choix, crucial, de leur spécialité d’internat. Deux arrêtés publiés au « Journal officiel » précisent à cet égard la répartition des postes d’internat par spécialité et par faculté (tableau). Pour la première fois, conformément à la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), les pouvoirs publics ont établi une répartition prévisionnelle quinquennale des postes, en concertation étroite avec une commission pilotée par l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS). Celle-ci s’est déclinée en commissions régionales composées de représentants d’étudiants, d’internes, de doyens, des DRASS et des Agences régionales de santé (ARS). La commission nationale présidée par le Pr Yvon Berland a tenu compte de plusieurs facteurs : proportion des médecins de plus de 60 ans et de plus de 55 ans parmi les praticiens en exercice, évolution prévisionnelle des populations, plans nationaux de santé publique (Alzheimer, santé mentale, cancérologie…), problématiques de santé publique de chacune des régions… À partir de ces recommandations, le ministère de la Santé a rendu ses arbitrages.
Priorité à la médecine générale.
Conséquence du desserrement du numerus clausus il y a quelques années, le gouvernement va donc ouvrir 6 839 postes d’internat à la prochaine rentrée universitaire. C’est 10,5 % de plus que l’an dernier.
La médecine générale continue de concentrer le gros des troupes puisque 3 632 postes sont proposés aux internes (+9 %). Le ministère de la Santé souhaite que, comme l’an passé, un équilibre de 50/50 soit globalement respecté entre la médecine générale et l’ensemble des autres spécialités. Une façon de traduire la priorité pour la médecine de premier recours. Dans les UFR parisiennes, les effectifs d’internes en médecine générale vont stagner. En revanche, les postes ont été augmentés d’une dizaine d’unités dans la majorité des autres facultés. À Lyon, Aix-Marseille et Bordeaux, la hausse sera plus significative avec une vingtaine de postes supplémentaires de médecine générale. Cette croissance des effectifs de jeunes médecins en formation ne manquera pas d’alerter les départements de médecine générale et les internes de la discipline qui témoignent déjà des difficultés rencontrées pour réaliser leur cursus. Le ministère de la Santé assure que cette hausse des effectifs reste compatible avec une formation de qualité.
Plusieurs filières enregistrent une progression significative à l’instar du bloc des « spécialités médicales »
(1 204 postes en tout soit une augmentation de 26,7 %). Les pouvoirs publics souhaitent notamment garantir le renouvellement des effectifs en cancérologie, rééducation fonctionnelle et en anatomo-cytopathologie. La biologie médicale bénéficie de la plus forte hausse (43,3 %). Deux spécialités cliniques, la psychiatrie (+4,8 %) et la pédiatrie (+8,3 %), connaissent des évolutions modérées. En revanche, après avoir été renflouées ces dernières années, les spécialités chirurgicales subissent une baisse de 2,3 %. Le nombre d’internes en chirurgie est considéré comme suffisant au ministère de la Santé. Depuis 2005, au moins 550 postes ont été réservés à cette spécialité. L’anesthésie-réanimation, avec 318 postes (+8,1 %), et la gynécologie obstétrique, avec 177 postes (+7,9 %), affichent une évolution comparable à la hausse générale.
La filiarisation prend place.
Pour la première fois, du fait de la mise en place de quotas, l’arrêté fixant la répartition des postes précise dans le détail les flux d’internes au sein des spécialités médicales et chirurgicales. L’étudiant qui choisira une spécialité médicale devra préciser quel DES il entend suivre parmi l’anatomocyptopathologie, la cardiologie, dermatologie, endocrinologie, gastro-entérologie, génétique, hématologie, médecine interne, médecine nucléaire, médecine physique et de réadaptation, néphrologie, oncologie, pneumologie, radiodiagnostic ou rhumatologie… Les internes qui opteront pour une spécialité chirurgicale préciseront s’ils veulent s’orienter vers la chirurgie générale, la neurochirurgie, l’ophtalmologie, l’ORL ou la stomatologie. Les internes pourront toujours changer d’avis entre leur préchoix et leur choix définitif deux ans plus tard. Ils pourront accéder dans la même ville à une autre spécialité à laquelle ils avaient accès au moment de leur choix initial.
Pour mieux répondre aux défi démographique, le gouvernement a approuvé une répartition quinquennale des postes d’internat (voir tableau). Elle prévoit une montée en charge spectaculaire des internes en formation. Dès l’an prochain, le gouvernement envisage d’ouvrir 7 750 postes puis de monter en puissance jusqu’à 8 089 internes en 2014. La répartition par spécialité et par faculté pourra être affinée chaque année par le ministère de la Santé. Elle permet toutefois de constater une augmentation record des effectifs à court terme. Au total, les pouvoirs publics envisagent de former pas moins de 38 500 internes d’ici à 2014. Jamais les facultés de médecine n’auront accueilli autant d’internes. Dans les années 1970, le numerus clausus dépassait les 8 000 mais les promotions d’internes étaient moindres car la médecine générale n’avait pas accès à l’internat. L’enjeu est de taille pour les CHU qui doivent anticiper l’accueil et la formation des médecins de demain.
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