LES CHOSES commencent à presser. Aujourd’hui, les internes qui souhaitent se lancer dans une carrière hospitalo-universitaire se partagent un gâteau de 7 000 postes de post-internat (ils sont chefs de clinique, assistants). Dans quelques années, si rien ne bouge au niveau de ces postes, la foire d’empoigne s’annonce : sous l’effet du desserrement du numerus clausus, les candidats vont se multiplier comme des petits pains. C’est en partie pour résoudre cette quadrature du cercle qu’a été instituée il y a un peu plus d’un an, la « commission nationale de l’internat et du post-internat ». Mercredi dernier, après s’être vue présenter les premières conclusions d’un rapport de l’IGAS et de l’IGAENR (1) consacré au post-internat, cette commission s’est entendue sur un calendrier. Les grandes lignes d’une réforme du post-internat seront arrêtées en septembre prochain ; la réforme elle-même sera bouclée un an plus tard, le temps que les étapes réglementaires nécessaires à la transformation de l’essai soient franchies. Peut-être le clinicat aura-t-il vécu dès l’année universitaire 2011-2012.
La pierre de l’IGAS.
En attendant que tous les violons s’accordent sur les modalités de cette révolution, les premières conclusions de la mission conjointe de l’IGAS et de l’IGAENR ont été versées au dossier. Dans le volet « constat » de leurs travaux, les inspecteurs se posent la question des ressorts du post-internat. Pourquoi un interne fait-il ce choix, s’interrogent-ils, avant de répondre en quatre points : « pour acquérir une autonomie d’exercice, pour compléter (leur) formation, pour accéder à une carrière universitaire, pour ménager des possibilités de carrière ». Chiffre à l’appui, les enquêteurs établissent ensuite que les acteurs du post-internat sont à la fois « un maillon de l’effort d’enseignement et de recherche » – les chefs de clinique-assistants sont autour de 3 600, c’est beaucoup comparé aux effectifs des PU-PH (un peu moins de 4 000 postes) et de MCU-PH (autour de 1 700) – et qu’ils représentent « une contribution essentielle à l’offre de soins ».
Les découvertes des deux inspections se corsent quand elles en viennent à se pencher sur les « dysfonctionnements » du post-internat, épinglant « des différences statutaires en discordance avec la réalité » ainsi qu’ « une organisation déconnectée des besoins de formation et de soins ». La conclusion est sévère, mais sans surprise : « La pérennisation du système actuel mène à une impasse ». Les experts notent les effets conjugués de ce qu’il qualifie de « défis croissants » (l’augmentation des effectifs formés, bien sûr, mais aussi de la montée en charge de la filière universitaire de médecine générale et des départs en retraite qui « déséquilibrent l’offre de soins ») et de la « faible adaptabilité » de l’organisation actuelle.
« Désacraliser » le clinicat.
Sur ce point précis IGAS et IGAENR évoquent, à côté des difficultés du redéploiement, des contraintes financières et des « tensions accrues dans la répartition des postes » (voir cartes), la question de « la sacralisation du clinicat ». En dépit de ces obstacles, la mission propose une « refondation du post-internat » dont elle estime qu’elle passe par un internat densifié (via une réforme des maquettes), l’instauration d’une année systématique de ce qu’elle appelle un « internat senior » (une année d’autonomie encadrée pour tous avant le DES avec gestion des places et des affectations comme pour l’internat – la formule qui signifie la fin du clinicat et de l’assistanat, ne convainc pas tout le monde) et la définition d’un nouveau mode d’accès à la filière universitaire (grade de master acquis avec le DES, entre autres mesures).
En attendant que la réforme prenne corps, les inspections proposent des mesures de court terme (installation au niveau régional de cellules de pilotage du post-internat ou de bourses des emplois, redéploiement des postes de chefs de clinique…) dont certaines sont spécifiques à la médecine générale. Parmi celles-ci : la création d’un DES urgence, l’augmentation du nombre de postes de CCU-MG (clinicat de médecine générale) ou l’organisation de la recherche en soins primaires.
(1) Les Inspections générales, respectivement, des affaires sociales et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche.
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