POUR LA HUITIÈME année consécutive, l’URML (Union régionale des médecins libéraux) d’Île-de-France et son partenaire le laboratoire Servier ont remis hier leurs prix Machaons à trois jeunes médecins ayant soutenu leur thèse au cours des deux dernières années dans la région.
Le Dr Morgane Goarzin a reçu le 1 er prix (6 000 euros) pour son enquête sur le niveau de connaissances des 15-25 ans face au risque de grossesse non-désirée et le rôle préventif que peut jouer le médecin généraliste. Ne pouvant se déplacer du fait d’être en fin de grossesse, c’est son directeur de thèse le Dr Philippe Zerr qui le 2 décembre a présenté sa thèse à sa place devant le jury du Prix Machaons. « À première vue, le sujet de sa thèse n’était pas particulièrement original, explique le Dr José Clavero, fondateur du prix et président du jury, mais son travail se révèle surprenant à travers la réalité qu’il reflète : il montre en effet qu’un pourcentage non négligeable de jeunes femmes et de jeunes hommes n’ont aucune idée de ce qu’est la contraception du lendemain et donne également certaines indications quant à la conduite à tenir pour les médecins face à cette situation. »
La deuxième thèse récompensée (3 000 euros) est celle du Dr Étienne Dubois, qui pose une question dans son intitulé : « Maître de stage :la meilleure méthode de formation continue en médecine générale ? ». Ou comment, en devenant maître de stage, le médecin se forme soi-même. Le troisième prix (1 500 euros) a été remis au Dr Maxime Catrice qui a enquêté sur « la prévention de l’hépatite B dans les populations migrantes originaires de zones de forte endémie : Afrique subsaharienne et Asie ». « Le Dr Catrice cherche les moyens de savoir comment on peut atteindre des objectifs plus importants de vaccination contre l’hépatite B dans ces populations, dont une certaine partie a contracté la maladie sans en avoir cependant aucune notion », analyse le Dr Clavero. Là encore, ce n’est pas tant le sujet qui a été applaudi que l’angle sous lequel il a été traité. « Ce travail décrit le comportement d’une sous-population habitant sur le territoire, mais on pourrait lui donner une portée nationale. »
Il a été difficile aux onze membres du jury de départager les six travaux présélectionnés, « tous d’excellente qualité ». Le jury a reçu une cinquantaine de thèses qui, après une première phase éliminatoire (suivant les critères d’ouverture à la candidature), ont été lues de façon aléatoire par deux des cent médecins lecteurs. Les copies ont été notées selon une grille spécifique. Le Dr Gérard Lyon, coordonnateur du comité de lecture, a dégagé, d’après cette grille de notation, six dossiers, dont les auteurs sont invités à venir faire une présentation devant le jury. C’est ce qui s’est passé au début du mois, et trois d’entre eux ont été remarqués, notamment par leur motivation.
Un prix unique en France.
Ces thèses poursuivent ensuite un parcours assez spécial. Elles sont d’abord susceptibles d’être présentées par leurs auteurs à l’occasion de congrès médicaux. Mais, souvent, les commissions de travail de l’URML s’emparent des sujets traités pour mener des enquêtes plus poussées, sur des populations plus conséquentes, au sein de la région. « Idéalement, nous voudrions créer une "boîte à sujets de thèse" en amont, que nous pourrions soumettre aux thésards », indique le Dr Clavero.
Les Machaons font référence à la transmission du savoir médical dans l’Antiquité. Machaon a reçu de son père Esculape, dieu de la médecine, le précieux don de guérir les blessures, même les plus graves. Praticien dans l’armée grecque devant Troie, il a mis ses connaissances au service des héros.
Dans notre ère actuelle, ces prix ont vocation à sensibiliser les jeunes praticiens à la médecine libérale, qu’il s’agisse d’organisation des soins ou de recherche. Ils se distinguent par une originalité : ils récompensent aussi bien généralistes que spécialistes et c’est unique en France.
Les thèses lauréates sont consultables sur le site de l’URML d’Ile-de-France : http://www.urml-idf.org.
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