Réforme du troisième cycle : vers une sortie de crise ?

Les doyens déminent, les jeunes ne baissent pas la garde

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Publié le 22/05/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Après une période de très forte tension autour de la réforme du 3e cycle, les relations entre les internes et les doyens de médecine sont peut-être en voie d'apaisement.  

Dans un communiqué commun, la conférence des doyens et toute la communauté hospitalo-universitaire (enseignants, présidents de CME, ainsi que le Pr Benoît Schlemmer, pilote de ce chantier) tendent la main aux jeunes pour reprendre la concertation. Les doyens se disent prêts à reprendre les discussions sur deux points clés : l'allongement de la durée de certains diplômes d'études spécialisées (DES) tels que la cardiologie, l'hépato-gastroentérologie et la néphrologie ainsi que sur le statut de l'interne en fin de cursus (phase 3 dite de consolidation).

Ces deux points sont actuellement les revendications prioritaires de l'Intersyndicat national des internes (ISNI), officiellement en grève depuis le 18 avril contre la refonte de l'internat en l'état. Dans un communiqué commun, publié vendredi dernier, les internes (ISNI), les chefs de clinique (ISNCCA) et le conseil national des jeunes chirurgiens pointent encore du doigt le « risque démographique, pédagogique, sanitaire et d'atteinte à la liberté tarifaire » d'une réforme qui serait précipitée. « Je fais une ouverture pour apaiser les tensions sans pour autant remettre en question la réforme du 3e cycle », précise au « Quotidien » le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens .

Le docteur junior en question

La conférence fléchit sur la durée des futurs diplômes cités, estimant « légitime » la demande d'un passage de 4 à 5 ans. « Nous devons aboutir à un accord les concernant rapidement », affirment les hospitalo-universitaires. Une mission interministérielle IGAS/IGAENR doit examiner la durée des DES, précisent les doyens sans détailler le calendrier.

Le Pr Dubois-Randé reconnaît aussi que la concertation autour du fameux statut de l'interne en phase 3 a été insuffisante. L'objectif serait de proposer une nouvelle version du décret avant la rentrée 2017, clarifiant « l'ossature juridique » de ce nouveau statut (intitulé docteur junior dans le projet de décret). Il conviendra de préciser les différentes étapes de la mise en autonomie progressive de l'interne jusqu'à sa sortie du 3e cycle.

Olivier Le Pennetier, président de l'ISNI, salue l'ouverture des doyens et souhaite entamer la reprise des discussions. « Nous allons faire un pas vers eux mais nous estimons toujours que la mise en place de la réforme en novembre 2017 sera très compliquée. Nous continuons de demander le report de son entrée en application d'une année. » Toutefois, si l'ISNI « obtient des garanties » sur l'allongement des DES, la responsabilité et la mise en autonomie en phase 3, les internes lèveront leur mouvement de grève, assure-t-il. 

Quel accès au secteur II ?  

La communauté hospitalo-universitaire souhaite également clarifier l'épineux dossier du post-internat, des statuts aujourd'hui peu lisibles, et de l'accès au secteur II. Internes et chefs estiment en effet qu'il existe, avec la réforme, un risque de restructuration de l'offre hospitalière sur le post-internat, aboutissant à une atteinte aux conditions d'accès aux honoraires libres. « Une réflexion doit être lancée. Notre idée est que la phase 3 de l'internat soit reconnue en tant qu' "ancien assistant des hôpitaux" et donne accès au secteur II directement », explique Olivier Le Pennetier.

Les jeunes considèrent enfin qu'il est impératif de rencontrer très rapidement les conseillers santé de l'Élysée et les cabinets des ministères de tutelle.  

 

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9583