Le roman policier d’Éléonore Conradt aurait très bien pu ne jamais être publié. En janvier 2023, après avoir essuyé plusieurs refus de la part de maisons d’édition pour son ouvrage Sur la peau, la jeune strasbourgeoise en sixième année de médecine tente le tout pour le tout.
En pleine révision pour son concours d’entrée à l’internat de médecine, l’étudiante tombe par hasard sur une annonce de la maison d’édition Novice. « Je saturais des révisions. J’ai donc fait une petite pause sur les réseaux. C’est comme ça que j’ai appris qu’un prix pour les romans non publiés avait été lancé. Je me suis dit pourquoi pas retenter ma chance, j’ai postulé en ligne et j’ai aussitôt remis le nez dans mes cahiers », se remémore-t-elle.
Double récompense
Très concentrée sur son concours, Éléonore n’y pensera plus. Mais à peine trois semaines avant son examen, en mai 2023, elle est contactée par Timothé Guillotin, à la tête de la maison d’édition Novice. « J’ai ouvert son mail et j’ai plus ou moins compris que j’avais gagné. Timothé m’a appelée dans la foulée pour me confirmer la nouvelle. Mais j’étais tellement focus sur mon concours que je n’ai pas vraiment percuté, se souvient-elle. Je n’avais pas la place mentale pour m’en réjouir. Je me souviens lui avoir dit de manière un peu speed que je ne pouvais pas être dispo tout de suite. Heureusement, il a été adorable et compréhensif et m’a dit qu’on allait s’arranger en termes de planning éditorial pour que je puisse passer mon concours tranquillement avant de travailler sur le roman ».
Une fois le concours passé et son classement obtenu, Éléonore décompresse enfin. « J’ai eu exactement ce que je voulais : médecine générale à Strasbourg, confie-t-elle. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment réalisé ce qui m’était arrivé. Je me suis dit que c’était la double récompense ! Mes proches étaient tous très fiers de moi et aussi surpris pour l’édition de mon livre », sourit-elle.
L’écriture, une échappatoire
Après quelques mois à peaufiner son roman policier avec la maison d’édition, Éléonore sort son ouvrage en novembre 2023. « C’est le fruit de longues années de travail, j’ai commencé à l’écrire en 2020 en plein Covid, alors que je n’étais encore même pas externe. Ça a été une période très difficile pour moi, je n’étais pas bien du tout, j’ai donc dû le laisser de côté car ce n’était pas aussi vivant que je l’imaginais ».
Passionnée d’écriture depuis son plus jeune âge, Éléonore parvient toutefois, au fil de ces années de médecine, à construire une œuvre qui lui ressemble. « Même si je n’en ai pas, j’ai toujours été intéressée par les tatouages, confie l’Alsacienne. Je voulais donc créer une intrigue palpitante autour de cette thématique ». Un pari réussi. Le lecteur est tout de suite happé par l’assassinat mystérieux d’un homme arborant un tatouage fraîchement réalisé sur l’avant-bras, et dont le corps a été retrouvé dans l’arrière-boutique d’un salon de tatouage.
Durant ses premières années de médecine, l’écriture a été pour Éléonore une sorte d’échappatoire. « Certains de mes camarades allaient en soirée, d’autres faisaient du sport. Moi, mon truc, c’était d’écrire des histoires sous ma couette avec mon ordi. Ça m’a vraiment été utile pour me vider l’esprit quand je saturais des révisions, livre-t-elle. Quand j’étais en PACES, j’avais ma petite heure du dimanche pour écrire des fanfictions ! »
De nouveaux projets
Si cette future généraliste a « encore un peu » le syndrome de l’imposteur et ne pense pas avoir les épaules pour se lancer pleinement dans l’écriture, elle fourmille pourtant d’idées. « Ça fait constamment “pop” dans ma tête, ironise-t-elle. Si j’arrive à trouver un peu de temps cette année, pourquoi pas me lancer dans de nouveaux projets d’écriture. Mais c’est une certitude, je veux continuer à écrire, c’est presque vital pour me vider l’esprit et y voir plus clair ! »
Côté exercice de la médecine, Éléonore est encore en réflexion mais reste sûre d’une chose. « Je ne me vois pas du tout à l’hôpital et je souhaite exercer en libéral pour la liberté que cet exercice procure. De préférence plutôt à la campagne pour être au calme et avoir un petit coin de verdure. Après seule ou en maison de santé, ça dépendra du feeling et de l’endroit », résume-t-elle.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale