Fin des épreuves classantes nationales

Les étudiants essuient les plâtres de la lecture critique d’article

Publié le 08/06/2009
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VENDREDI 5 JUIN, 12 h 39. Une immense clameur et des applaudissements s’élèvent du Hall n° 1 du Parc des expositions de Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Plus de 1 500 étudiants des facultés parisiennes sortent à toute vitesse de l’immense salle. Au même instant des candidats quittent les six autres centres d’examen de Clermont-Ferrand, Strasbourg, Lille, Poitiers, Marseille et Toulouse. Les épreuves classantes nationales (ECN) viennent de prendre fin. Lors de cette ultime épreuve, les candidats ont planché sur la lecture critique d’article (LCA). Pour cette grande première, l’article sélectionné par le conseil scientifique du Centre national du concours de l’internat (CNCI), bien entendu rédigé en français, était consacré au «  dépistage des troubles auditifs sur des enfants qui ont une infection à la naissance à CMV (cytomégalovirus) ».

«  C’était à peu près ce à quoi je m’attendais, explique Vanessa, de la faculté Paris V, à la sortie de la salle  : un article scientifique avec des questions bêtes sur ses objectifs ». «  C’était un article pas intéressant, confus et il manquait un diagramme », juge sévèrement son amie Marion. Vincent et Olivier, de Créteil, sortent mitigés de cette épreuve. «  L’article était un peu bizarre, une sorte d’essai prospectif épidémiologique et pas un article scientifique traditionnel avec un niveau de preuves, lâche Vincent. Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre ». «  On est noté aux mots-clés et pas à la formulation, enchérit Olivier, il nous est donc difficile de savoir ce que ça a donné ». Coupes de champagne à la main, des étudiantes crient à tue-tête : «  C’est fini!  ». Assise à l’écart, une jeune fille pleure toutes les larmes de son corps. Pour elle, la LCA n’a semble-t-il pas été une réussite.

Longtemps critiquée par les étudiants parce qu’elle n’était pas uniformément enseignée dans toutes les facultés de l’Hexagone, la lecture critique d’article aurait pu ne pas voir le jour. En dépit des manifestations des carabins à Paris en 2007, le gouvernement s’est accroché, acceptant juste de reporter d’un an l’épreuve. À l’issue du conflit, un groupe de travail a été constitué par le ministère de l’Enseignement supérieur, les doyens et les étudiants en médecine. Ce groupe a élaboré un glossaire comprenant des notions scientifiques et techniques pour permettre aux candidats d’être mieux armés pour préparer cette épreuve. Une charte d’enseignement de la LCA a été rédigée à l'intention de tous les doyens et présidents d'université afin d'harmoniser l'enseignement de la nouvelle discipline dans toutes les facultés.

Une première, « light » !

L’épreuve, qui a duré trois heures, ne va représenter qu’environ 5 % de la note globale : plus exactement 50 points sur 950. Dix points pour le résumé de l’article et 40 points pour les 9 questions. La connaissance du glossaire et l’entraînement sur les deux articles mis en ligne sur le site du CNCI devaient suffire à réussir l’épreuve. «  La LCA devait être très discriminante mais elle est devenue une synthèse d’article. Elle devrait être light et pas révolutionnaire car les gens du CNCI se sont attachés à ce que cette épreuve ne soit pas trop polémique », commentait Anne-Laure Lepori, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) la veille de l’examen.

La LCA s’est bien déroulée mais elle ne semble pas avoir convaincu les étudiants que nous avons interrogés. «  Ce qui nous fait le plus peur, confie Galed, étudiant à Saint-Antoine, c’est le caractère assez aléatoire de la correction.Même si on maîtrise son sujet, on n’est pas certain d’avoir une bonne note. Et puis je ne suis pas sûr que cette épreuve, qui a été aussi conçue pour mieux départager les ex-æquo , ne permette d’y parvenir ». L’ANEMF a déjà constaté qu’aux ECN, 20  candidats en moyenne se tiennent par demi-point !

Quelque 300 professeurs vont maintenant corriger les copies pendant trois semaines. Les résultats sont attendus vers la mi-juillet. Les étudiants devront ensuite réfléchir à leur choix de spécialité d’internat selon leur classement. Ils n’en sont pas encore là. À la sortie du centre d’examen, l’heure est à la décompression. Une piscine gonflable remplie de bières fraîches attend les assoiffés. Une association étudiante vend des billets pour la soirée post-ECN et deux orchestres mettent un peu d’ambiance sur le parvis du Parc des expositions. Les ECN sont finies. Les vacances peuvent commencer.

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 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr