La spécialité d’internat en quelques clics

Les étudiants feront leur choix sur Internet

Publié le 23/03/2011
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Crédit photo : S TOUBON

L’AMPHITHÉÂTRE de garnison est mort, vive l’amphithéâtre de garnison virtuel. Le choix de la spécialité d’internat et de la ville d’affectation n’aura plus la même saveur. Les pouvoirs publics ont décidé de mettre fin à la procédure de choix qui a vu le jour avec les épreuves classantes nationales (ECN) en 2004. « L’amphi de garnison » se tenait chaque année pendant quinze jours en septembre dans un complexe de Lognes, en Seine-et-Marne. Chacune de ces quinze journées, 700 étudiants optaient à tour de rôle, selon leur rang de classement, pour une spécialité et une faculté. Ils disposaient de plusieurs écrans géants pour connaître les postes disponibles dans chacune des onze filières et des 28 villes facultaires et ainsi faire un choix éclairé.

Cette année, le Centre national de gestion (CNG), l’instance rattachée au ministère de la Santé qui a en charge le bon déroulement des examens médicaux, a décidé de supprimer l’amphithéâtre de garnison physique pour le remplacer par une procédure informatisée. Le contrat qui liait le prestataire organisateur de l’« amphi de garnison » avec le CNG venait de prendre fin. Le coût de la procédure, la lourdeur logistique qu’elle imposait et le besoin des agences régionales de santé (ARS) de connaître plus rapidement les affectations des étudiants sont des motifs avancés pour expliquer cette décision.

Ce qui va changer.

Lors du congrès de l’ANEMF qui se tenait à Clermont-Ferrand, le CNG a présenté vendredi les grandes lignes de la procédure informatisée qui remplacera l’amphi de garnison. Il s’agit du logiciel Céline, conçu en 2003 et utilisé jusqu’ici par les étudiants pour effectuer leur préchoix de spécialité. Hormis le choix en amphithéâtre, peu de choses vont finalement changer.

Dès la connaissance des résultats des ECN courant juillet, les étudiants disposeront de deux mois pour faire leur préchoix. À la mi-septembre, ils sauront s’ils ont validé ou non le 2e cycle de leurs études médicales. C’est seulement à l’issue de cette phase que se déroulera le choix de spécialité pendant une période de dix jours. Les étudiants seront invités à se connecter sur un site sécurisé munis de leur identifiant et de leur mot de passe. Ils se prononceront successivement selon leur rang de classement. Quand viendra leur tour, ils disposeront du laps de temps nécessaire – jusqu’à 3 minutes – pour faire leur choix. Si un étudiant venait pour une raison quelconque à manquer sa connexion, c’est le premier poste disponible sur sa liste de préchoix qui lui serait attribué.

« Il est hors de question de régresser en quoi que ce soit par rapport au fonctionnement de l’amphithéâtre de garnison que vous connaissez aujourd’hui, a indiqué Serge Aubert, chef des concours médicaux au CNG, lors de la présentation de la procédure. L’ANEMF a présenté un cahier de charges que nous avons pris en compte. Nous sommes là pour vous mettre dans les meilleures conditions de choix. »

Le CNG a conservé la possibilité de choix en temps réel demandée par les étudiants. Il va également permettre aux étudiants de savoir s’ils sont parmi les premiers ou les derniers à choisir une spécialité médicale ou chirurgicale dans une ville. L’information est importante. Les premiers classés choisissent avant les autres leurs stages d’internat. Les couples seront également pris en compte. Ainsi, l’étudiant le mieux classé du couple pourra, à sa demande, choisir son poste immédiatement après son conjoint. Cette disposition permettra d’éviter des séparations géographiques parfois mal vécues.

« Si tout se passe bien, l’amphithéâtre ne sera que la conséquence de la première phase de Céline », poursuit Serge Aubert. Le responsable du CNG donne deux conseils aux étudiants : « Mettez plusieurs choix (le logiciel n’est pas limitatif) et toujours en premier le choix du cœur. »

Un plan B au cas où.

La présentation de la procédure informatisée aux administrateurs de l’ANEMF n’a pu avoir lieu avec le logiciel qui sera mis à disposition des étudiants. Celui-ci n’est pas encore finalisé. Les responsables du CNG ont toutefois assuré qu’il sera ergonomique et ne nécessitera pas de compétence informatique particulière. « Des gens pourront être à l’étranger et participer au choix des postes », ajoute Serge Aubert.

Pour permettre à tous les étudiants d’être sur un pied d’égalité, des postes informatiques seront mis à disposition des étudiants dans toutes les facultés de médecine. Le CNG a garanti à l’ANEMF qu’elle pourrait suivre le bon déroulement de la procédure en temps réel. Une « hotline » téléphonique sera également mise en place. Les étudiants pourront la contacter en cas de problème informatique.

Les responsables du CNG ont tenté de répondre à toutes les questions des étudiants inquiets de ce changement de procédure qui intervient à seulement quelques mois des ECN et du choix de spécialité.

Ils réfléchissent aux moyens de renforcer les conditions d’authentification des étudiants pour accroître la sécurité du site. Le doyen de Nantes, le Pr Jean-Michel Rogez, président du Centre national du concours de l’internat (CNCI), a appelé les étudiants à faire preuve de « responsabilité » en acceptant la procédure de choix informatisée.

Les administrateurs de l’ANEMF ont décidé en assemblée générale donner sa chance au nouveau dispositif. L’association demande néanmoins au CNG de prévoir un « plan B » si le logiciel venait à ne pas être prêt dans les temps. « Nous espérons avoir une présentation du logiciel d’ici deux à trois semaines, explique Ingrid Bastide, présidente de l’ANEMF. S’il n’est pas prêt, en mai, nous demanderons l’organisation d’un amphithéâtre de garnison présentiel. »

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8929