Les médecins français sont peu nombreux à s’intéresser au mode d’exercice de leurs confrères européens, mais gagneraient à le faire.
Le Dr Chloé Perdrix, interne à Paris, vient de lancer le réseau « Saint Exupéry Network », destiné à inciter les jeunes généralistes à passer quelques jours dans des cabinets d’autres pays. En ce moment, une Espagnole et une Portugaise séjournent chez deux médecins alsaciens, et découvrent, avec surprise, des modes de travail et de financement différents des leurs. « En profitant des expériences des autres, nous améliorerons nos pratiques », affirme le Dr Perdrix.
Généraliste enseignante allemande installée depuis dix ans à Lille, le Dr Sabine Bayen constate que l’hétérogénéité des pratiques en Europe induit des différences de coût, mais n’influe guère sur la mortalité et la morbidité. « Aucune étude ne permet d’affirmer qu’un système est meilleur qu’un autre », avance-t-elle. La généraliste constate toutefois que les médecins allemands prescrivent moins que leurs confrères français. Ils confient de nombreuses tâches à leurs « assistantes médicales », formées en trois ans. Alors que le généraliste français passe en moyenne 18,6 minutes avec son patient, son homologue allemand ne le voit, lui, que 8 minutes mais « il fait beaucoup plus d’actes que le Français tout en travaillant moins que lui ».
Abattre les frontières signifie aussi se faire comprendre des patients étrangers, comme l’explique le Dr Maude Royant, qui exerce à la permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de l’hôpital de Strasbourg. « Lorsqu'un patient ne parle pas votre langue, vous n’avez aucune chance de l’aider si vous ne savez pas développer des alternatives au discours et au geste strictement technique », explique-t-elle. Le Dr Royant invite pour cela ses confrères à « recentrer leur diagnostic sur le patient, et non sur la maladie ».
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