Le 6 mars dernier, le directeur général de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait lancé un pavé dans la mare de la commission médicale d'établissement (CME) du CHU francilien. À l'occasion d'un point sur la situation budgétaire de l'établissement, Martin Hirsch annonçait un déficit 2017 aggravé estimé à 219 millions d'euros, résultant principalement de moindres recettes d'activité (par rapport aux prévisions) et d'une évolution des dépenses (médicaments, dispositifs) non corrélée avec l'activité.
Pour maintenir l’objectif initial d’un retour à l’équilibre en 2022, le patron de l'AP-HP annonce notamment aux médecins un gel de 0,5 % sur la masse salariale, éventuellement débloqué « en cours d’année en fonction de l’évolution effective » de l'activité des 39 hôpitaux de l'AP-HP. La CGT et SUD ont fait leurs calculs : un tel blocage de la masse salariale correspond selon eux à la suppression de 600 postes en équivalent temps plein...
Contractuels et attachés menacés
Aujourd'hui, ce sont les jeunes médecins (internes, chefs de clinique et assistants) de l'AP-HP qui s'alarment de ce nouveau tour de vis budgétaire. Ils estiment que la prise en charge des patients franciliens sera mise à mal par la suppression (si elle se concrétise) de ces 600 postes qui comprendraient des emplois d'aides-soignants, d'infirmières mais aussi de praticiens. « On nous a déjà annoncé un gel des recrutements et le non-renouvellement des postes de praticiens contractuels et de médecins attachés, assure le Dr Franck Verdonk, président du Syndicat des chefs de clinique et assistants des hôpitaux de Paris (SCCAHP). Les médecins sont directement concernés par le gel annoncé, qui ne se reporte pas uniquement sur les postes administratifs. »
En tandem avec le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), les chefs franciliens se disent « abasourdis de cette réponse financière déconnectée des réalités et d’une grande violence ». « Il est absolument intolérable de faire supporter les échecs d’une gestion administrative à une jeune génération de soignants, à l’ensemble de la communauté médicale et non médicale et au-delà à la population francilienne », écrivent les deux organisations de juniors. Selon eux, « cette logique comptable, dont la responsabilité incombe en partie à une politique publique court-termiste, va mener à l’effondrement du système de santé ».
Contacté par le « Quotidien », l'AP-HP n'a pas été en mesure de répondre à nos questions.
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