Bientôt un outil du quotidien

L’incontournable intelligence artificielle

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Publié le 11/12/2017
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intelligence artificielle

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Crédit photo : PHANIE

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Les radiologues sont imprégnés par l'informatique, l'ordinateur étant leur outil quotidien. « Nos machines sont des outils technologiques extrêmement sophistiqués. Nous utilisons, chaque jour, des outils informatiques pour construire, visualiser et traiter les images des patients, mais aussi pour établir les comptes rendus », rappelle la Pr Laure Fournier, radiologue à l'Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris.

Aide au diagnostic

Si l'intelligence artificielle (IA) n'est pas encore utilisée en pratique clinique, elle pourra, à l'avenir, rendre de nombreux services. Elle pourrait notamment devenir un outil précieux d'aide au diagnostic. « L'IA va nous permettre de gagner en performance. De fait, grâce à des algorithmes spécifiques, des logiciels d'aide au diagnostic seront, à l'avenir, capables de reconnaître des clichés et de comparer une image aux milliers (voire aux millions) d'autres, entrées dans leur base », indique la Pr Fournier. Ces logiciels pourront, par exemple, aider le lecteur en pointant des éléments auxquels il doit faire attention sur une image (forme ou taille d'une tumeur, par exemple). À partir de l'alerte donnée par son (ses) logiciel(s) sur un point spécifique de l'image, le radiologue devra, néanmoins, faire le tri. « Même avec des outils informatiques ultra-sophistiqués, lui seul pourra tenir compte de l'ensemble des critères nécessaire à l'établissement du diagnostic. L'IA ne remplacera jamais le praticien », assure la Pr Fournier.

L'aide au diagnostic permettra au radiologue de gagner du temps. « C'est l'un de nos grands espoirs concernant l'IA, car nous savons que la France manquera de radiologues dans les années à venir. Par ailleurs, les nouveaux outils performants d'IA permettront de monter le niveau d'expertise des radiologues français », note la Pr Fournier.

Acquisition des images

Certains experts en IA travaillent en outre sur des méthodes d'acquisition des images. « Dans les années à venir, l'IA va révolutionner la manière dont nous effectuerons une IRM. La méthode de formation de l'image d'une IRM est complexe, longue. Et la résolution spatiale n'en est pas aussi élevée qu'une image de scanner. L'IA va améliorer la performance de l'IRM, mais aussi celle du scanner, pour obtenir de belles images plus rapidement. Concernant le scanner, cela nous permettra de diminuer les doses de rayons X utilisées et donc le niveau d'irradiation des patients », confie la Pr Fournier.

Radiomique

Côté recherche, l'IA a également de beaux jours devant elle. L'image observée, à partir d'une IRM ou d'un scanner, est le produit de phénomènes biologiques sous-jacents. Évident ? Pourtant, cela n'est pas exploité en radiologie. « Aujourd’hui, nous exploitons l’image pour déterminer la taille ou la localisation d'une tumeur au niveau d'un organe donné. Mais il y a probablement beaucoup plus d’informations à en tirer. La recherche basée sur les données nous permettra à l'avenir de le faire », confie la Pr Fournier.

Ce type de recherche, la radiomique (par analogie avec la génomique) permet, à partir d'une image de routine clinique (scanner du poumon, par exemple), d'appliquer des méthodes de traitement de l'image pour délimiter et décrire la tumeur par un très grand nombre de paramètres (forme, régularité, texture…). « Nous pourrons ainsi analyser les pixels de l'image (signal, disposition, directionnalité…), comparer les paramètres et les différences qui émergent entre les populations de patients pour comprendre, par exemple, pourquoi certains répondent mieux que d'autres à certains traitements », explique-t-elle.

L'IA intervient dans le traitement de ces « big data ». « Elle nous aide à faire le tri, comme un tamis qui permet de ne recueillir que les informations et paramètres les plus pertinents », note la Pr Fournier.

La Société française de radiologie (SFR) et le Collège des enseignants de radiologie de France (CERF) ont mis en place un groupe de travail de recherche et d'enseignement pour que l'IA fasse, à l'avenir, partie intégrante de la culture générale des radiologues.

Entretien avec la Pr Laure Fournier, radiologue à l'hôpital européen Georges Pompidou (Paris)

Hélia Hakimi-Prévôt

Source : Bilan Spécialiste