Pathologies neuro-développementales

L’intégration scolaire demeure problématique

Publié le 02/07/2015
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

D’après une étude de 2011, la prévalence en France des Troubles de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH) chez les enfants de 6 à 12 ans se situe entre 3,5 et 5,6 %. Concernant les Troubles du spectre autistique (TSA), les différentes estimations nationales oscillent entre 1 naissance sur 100 et 1 sur 150.

Au-delà des querelles de chiffres sur la prévalence de ces pathologies neuro-développementales, que toutes les études estiment en constante augmentation, la question de l’intégration de ces enfants au système scolaire classique a été débattue lors d’un colloque organisé le 18 juin à l’Assemblée nationale, à l’instigation du Réseau Santé Environnement et de nombreuses associations actives sur ces problématiques.

Seul un quart des enfants autistes scolarisés

D’après l’association « Vaincre l’autisme », 80 % des enfants atteints de TSA en France ne sont pas scolarisés. Un chiffre qui correspond à peu de choses près à celui fourni par le Dr Christine Cordoliani, médecin conseiller technique du Recteur de Versailles, qui pointe cependant une amélioration substantielle du taux d’intégration de ces personnes au système scolaire : « Sur un million d’enfants scolarisés dans l’académie en 2014-2015, 2 500 sont diagnostiqués TSA, soit a priori un quart de la totalité de ceux qui sont touchés par cette pathologie. C’est deux fois plus que pour la période 2008-2009. »

Concernant les enfants atteints de TDAH, la problématique est encore différente. Le Dr Patricia Colson, secrétaire générale du Syndicat national autonome des médecins de santé publique de l’Éducation nationale (Snamspen) et membre de la Conférence nationale de santé, rappelle ainsi que « les TDAH sont encore largement sous-diagnostiqués ». C’est donc souvent aux médecins de l’Éducation nationale, « au carrefour du pédagogique, du social, de l’éducatif et du sanitaire » de donner un premier avis, dans l’attente d’une consultation spécialisée qui, carence de praticiens oblige, peut durer jusqu’à un an.

Des réponses inadaptées

« Nous sommes dans un pays où le choix a été fait, il y a des années, de séparer ce qui relevait du médicosocial et de l’Éducation nationale. Cette rencontre qui commence tout juste à avoir lieu ne se fait pas forcément dans les meilleures conditions », explique Laurent Bernardi, secrétaire national du SNUipp-FSU, principal syndicat des enseignants du premier degré français (écoles maternelle et primaire). Selon lui, « l’école ne peut pas intégrer ces enfants, du jour au lendemain, sans qu’il y ait un vrai changement de paradigme ». Un état de fait d’autant plus difficile que « nombre d’enseignants culpabilisent de ne pas arriver à intégrer ses enfants comme ils devraient l’être ».

L’instauration des Auxiliaire de vie scolaire (AVS), ou nouvellement Accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), semble également trouver ses limites. « Nous sommes presque arrivés au bout de l’accompagnement en milieu scolaire. La croissance exponentielle des AVS n’est d’ailleurs pas forcément la bonne réponse à la prise en charge de ces enfants », expose Laurent Bernardi. Une opinion partagée par le Dr Colson qui pointe le fait que le système se dirige vers « la mise en place d’un AVS par enfant, ce qui est parfaitement irréalisable d’autant que la plupart ne sont pas formés ».

Plus de moyens et des approches différentes

Une récente enquête effectuée par le SNUipp-FSU montre qu’un enseignant sur 5 ne croit pas au concept d’école inclusive en dehors d’une réévaluation conséquente des moyens engagés pour le mener à bien. De fait, beaucoup pensent que ce n’est pas la classe qui doit être intégrative, mais toute l’école.

Une approche utilisée au Royaume-Uni où les écoles publiques disposent par exemple de 2 enseignants par classe, où les parents sont très impliqués et parfois même salariés par l’établissement et où chaque enfant à des objectifs personnalisés et valorisés par toute la communauté chaque fois qu’ils sont atteints. Pour le Dr Colson, l’une des clés passe en effet par « la légitimation de la culture de la différence » et non par une intégration forcée vouée à l’échec.

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du Médecin: 9425