« Pourquoi une charte éthique s'impose dans les études de santé », explique un doyen parisien

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Publié le 25/07/2017
BRUNO RIOU

BRUNO RIOU
Crédit photo : DR

Les conférences nationales des doyens de faculté de médecine, de pharmacie et d'odontologie préparent pour la rentrée une charte éthique et déontologique. L'objectif est de renforcer la transparence des liens d'intérêts mais aussi de préserver l'intégrité professionnelle et scientifique dans les études de santé. Chargé de mener un groupe de travail sur ce sujet, le Pr Bruno Riou, doyen de Paris VI, nous explique les enjeux de cette démarche.

LE QUOTIDIEN : Pourquoi une charte éthique et déontologique est-elle devenue indispensable dans les études de santé ?

PR BRUNO RIOU : À l’exception de quelques universités, cette charte n'existe pas aujourd'hui. Or les préoccupations autour de l'éthique et de la déontologie deviennent de plus en plus importantes, il y a une forte demande de la société. Cette charte va permettre d'homogénéiser les pratiques dans les facultés de santé.

Nous avons déjà organisé un groupe de travail avec les conférences de directeurs, les directeurs généraux et les conférences des présidents de CME de CHU pour voir comment gérer les demandes d'activités accessoires. Il peut s'agir de la rémunération de conférences externes par un professeur de médecine ou encore d'une activité de conseil auprès d'industriels, qui nécessitent une autorisation du doyen et du directeur de CHU.

Selon une récente enquête du collectif Formindep, seules 9 UFR sur 37 ont pris des mesures pour préserver l'indépendance de leur formation à l'égard de financements de l'industrie. Quelles sont les priorités ?

Je dirais plutôt que neuf facultés sur 37 ont répondu. L'objectif de cette charte ne concerne pas seulement les liens d'intérêts avec l'industrie. Nous préparons une charte globale qui prenne, certes, en compte les liens d'intérêts et le cumul des activités accessoires mais aussi des aspects tout aussi importants qui concernent l'intégrité professionnelle, l'intégrité scientifique, les problèmes liés au plagiat ou aux publications scientifiques. Cette charte concernera à la fois la recherche et la formation. 

Tous les médecins doivent renseigner leurs liens d'intérêts sur le site du ministère www.transparence.sante.gouv.fr. Quelles démarches supplémentaires devraient mener les enseignants-chercheurs et les hospitalo-universitaires ?  

C'est l'objet de la charte sur laquelle nous commençons à travailler. Nous faisons appel à des experts extérieurs aux facultés, nous prenons contact avec les conseils de l'Ordre pour avancer sur sa rédaction. Nous observons aussi l'intérêt des étudiants qui souhaitent être formés à la prévention des conflits d'intérêts. Il nous faudra déterminer quel type d'enseignement nous devons intégrer aux cursus actuels pour former les futurs professionnels à la gestion des liens d'intérêts particuliers, à l'intégrité scientifique…

Pourrez-vous appliquer rapidement la charte ?

Beaucoup de choses ont été mises en place dans certaines universités nord-américaines sur les liens d'intérêts. Nous lisons tout ce qui a été écrit pour éviter le plagiat scientifique. Nous voulons aller très vite, l'objectif serait d'avoir un texte consensuel pour la prochaine rentrée universitaire. Je ne ressens pas de difficulté majeure sur ce sujet. Au contraire, il y a une volonté d'aller sur un texte partagé.

Propos recueillis par Christophe Gattuso

Source : lequotidiendumedecin.fr