Première année perdue pour les étudiants en santé Covid+ et cas contact ? Les juniors voient rouge

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Publié le 11/12/2020

Crédit photo : S.Toubon

Ne pas se rendre aux examens – et perdre une année complète – pour cause de Covid ? À quelques jours des partiels, les étudiants en santé en première année dans les nouveaux cursus PASS (parcours spécifique accès santé), LAS (licence avec une option accès santé) ainsi que les doublants de la PACES (première année commune aux études de santé) affichent leur mécontentement et leur désarroi.

Une note du ministère de l'Enseignement supérieur, adressée aux universités en vue de la préparation des partiels, stipule que les étudiants en santé positifs au Covid-19 ou cas contact – qui ne pourront se présenter aux épreuves du premier semestre entre décembre et janvier – « bénéficieront » de l’annulation complète de leur année, pour repasser le concours ou leurs examens l’année suivante…  

Contrairement aux filières non sélectives qui ont l'autorisation d'organiser des épreuves de rattrapage pour leurs étudiants contaminés, les filières sélectives – dont la santé – ont l'obligation de respecter l'équité stricte entre étudiants. Sans possibilité d'organiser de deuxième session, ces étudiants subiront donc la perte totale de leur année universitaire, avec toutefois la possibilité de se représenter l'année suivante « sans avoir épuisé une des chances offertes de candidater », peut-on lire dans la note dont « le Quotidien » a pris connaissance.

Contre-productif ? 

Sauf que cette mesure passe mal auprès de cette génération déjà abîmée par la crise sanitaire. « Ils vivent pour ce concours ! Certains étudiants, doublants, travaillent depuis un an et demi, les autres depuis septembre et dans des conditions dégradées. C'est le seul objectif de l'année », souligne Loona Mathieu, chargée de l'enseignement supérieur à l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Le syndicat junior dénonce un « non-sens »

La proposition de redoublement ne convainc pas, les jeunes craignant de revivre une année éprouvante. « L'année est très difficile psychologiquement. Les étudiants accusent en plus les incertitudes de la réforme du premier cycle », poursuit-elle.

Surtout, cette décision risque d'être contre-productive car la consigne de rester isolé en cas de test positif ne sera pas forcément respectée. « Les étudiants partent du principe qu'ils iront même s'ils sont positifs. Ces comportements pourraient augmenter le risque de contamination », ajoute Loona Mathieu.

L'ANEMF ainsi que les autres fédérations d'étudiants en dentaire (UNECD), maïeutique (ANESF), pharmacie (ANEPF) et kinés (FNEK) demandent la mise en place d'un protocole sanitaire renforcé, similaire à celui du concours PACES de juin 2020, avec des salles accueillant des étudiants présentant des symptômes afin de limiter les risques. Mais cette requête est restée lettre morte. Les examens ont commencé dans plusieurs UFR en France et se poursuivront jusqu'aux premières semaines de janvier.

Depuis mi-novembre, les étudiants en santé (ANEMF, ANEPF, ANESF, UNECD, FNESI, FNEK et la FAGE) animent la campagne #PronosticMentalEngagé sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser aux risques psychosociaux et dénoncer l'impact de la réforme du premier cycle, pas à la hauteur des attentes à leurs yeux.


Source : lequotidiendumedecin.fr