Quand sera mise en place la réforme du troisième cycle des études médicales et avec quel contenu ? Il est pour l’instant difficile de se prononcer avec certitude. Mi-mars, dans un souci d’apaisement vis-à-vis des internes, les ministères de la santé et de l’enseignement ont en effet annoncé une remise à plat de cette réforme attendue depuis cinq ans.
« Même si cela n’est évidemment pas dit de manière explicite, on a un peu le sentiment d’un enterrement de première classe », souligne le Pr Alain Ruffion, président du Collège français des urologues (CFU).
Issue du rapport Couraud-Pruvot, cette réforme prévoit de découper le troisième cycle en trois phases : une première phase « socle » visant à délivrer des compétences transversales ; une deuxième phase « intermédiaire » permettant à l’interne d’acquérir toutes les compétences nécessaires à sa spécialité avant de soutenir sa thèse ; une troisième phase de « mise en responsabilité ».
« À l’origine de ce projet de réforme, il y avait une volonté, exprimée par les organisations d’internes, de réduire la durée de l’internat. Il convient de préciser que cette demande émanait principalement des internes de médecine et n’était pas forcément partagée par tous les internes de chirurgie. Mais au final, cette idée s’est imposée et tous les collèges de spécialités chirurgicales ont dû travailler sur des propositions intégrant cette réduction de la durée de formation des internes », explique le Pr Ruffion.
« Les internes souhaitaient aussi avoir tous un postinternat que ce soit en médecine générale ou dans les autres spécialités. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui puisque, dans le système actuel, les internes sont « triés » pour faire leur post-internat. Cela nous laisse la possibilité de pouvoir choisir nos collaborateurs alors que si la réforme était passée, nous aurions dû faire notre choix à partir d’un classement par ailleurs très discutable », explique le Pr Ruffion.
Les internes craignaient aussi un risque de dégradation du statut des internes en fin de cursus et avaient des interrogations sur leur niveau de responsabilités lors de la phase de mise en responsabilité. Dans un courrier en date du 16 mars 2015, adressé aux syndicats d’étudiants, d’internes, de chefs de clinique et de jeunes généralistes, Mesdames Najat Vallaud-Belkacem et Marisol Touraine indiquent que les travaux de la réforme du troisième cycle se poursuivront sous l’égide d’une nouvelle structure, la commission nationale des études de maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie (CNEMMOP). « Si, jusqu’à présent, les travaux ont permis d’avancer considérablement sur le plan pédagogique, de nombreux points nécessitent une réflexion partagée, notamment s’agissant des conditions de la formation pratique en stage. La qualité de praticien en formation, qui caractérise l’interne, est clairement incompatible avec une mise en responsabilité tant au plan civil que déontologique ou pénal. Cela se traduira dans le projet de réforme du troisième cycle », précisent les ministres de l’enseignement supérieur et de la santé.
Aujourd’hui, le Pr Ruffion estime que l’avenir de cette réforme s’annonce très incertain. « Et ce qui est dommage, c’est que les enseignants des collèges, qui se sont beaucoup investis pour faire des propositions, ont le sentiment de ne pas avoir été vraiment écoutés ».
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