Introduire des cours sur les médecines complémentaires dans le second et troisième cycle des études médicales, voilà une idée controversée avancée par l'ancien bureau de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) dans un document de synthèse* publié dans le journal « Ethics, medicine and public health ».
Dans ce document, les quatre jeunes (trois toujours internes et un assistant hospitalo-universitaire) se prononcent en faveur d'un enseignement optionnel et modéré auprès des carabins et des jeunes médecins. « S'il semble intéressant d'ajouter une introduction aux soins de complément dans les études généralistes – jusqu'au deuxième cycle – il ne serait convenable d'en faire un enseignement obligatoire à toutes les filières de l'internat », notent-ils.
Des cours ciblés peuvent être envisagés dans plusieurs diplômes d'études spécialisées (DES) sous la forme de formations complémentaires (FST ou option). « Le Qi Gong serait plus à propos dans le diabète que l’hypnose, mais l’hypnose quant à elle serait utile en anesthésie et l’acupuncture dans les gestions des vomissements post-chimiothérapie », illustrent les auteurs.
Pour la jeune génération, les médecines alternatives ont acquis une légitimité à être utilisée dans certaines conditions. Les anciens de l'ISNI citent l'exemple de l'acupuncture en cas de lombalgie ou cervicalgie chronique, migraine, céphalée de tension, épicondylite, douleur du bassin ou encore dans la prévention des nausées et vomissements. La chiropraxie a son utilité dans les troubles musculosquelettiques, les lombalgies chroniques. L'hypnose aussi a montré des signaux très positifs lors d'anesthésie, addictions ou stress post-traumatique, insistent-ils.
Homogénéiser et sécuriser les formations
Avant d'en arriver là, le syndicat estime que la formation doit être homogénéisée afin de permettre une sécurité sanitaire des patients. Actuellement, la formation autour des médecines complémentaires, comme l'homéopathie, la médecine chinoise, l'hypnose, l'ostéopathie et la chiropraxie est très hétérogène et ne relève pas forcément du « milieu académique », juge le syndicat.
Les écoles d'ostéopathie sont régulées mais leur niveau de formation demeure inégal. Pour les autres médecines complémentaires, « les formations universitaires sont rares voire inexistantes et les jeunes praticiens ne peuvent donc se former que dans des instituts privés sur lesquels une évaluation académique ne peut pas être faite », soulignent les auteurs.
Même si certaines médecines alternatives restent d'un grand secours pour les Français, l'ex-bureau de l'ISNI admet que d'autres évaluations sont nécessaires pour confirmer leur efficacité : « Les soins de complément sont aujourd’hui principalement appréhendés par des études pragmatiques dans lesquelles l’effet placebo est maximisé. Pour justifier une efficacité globale, et surtout si le sujet du remboursement est évoqué, des essais contrôlés randomisés ainsi que des études de type science-based medicine justifiant les mécanismes d’action devraient être encouragés et produites à l’avenir. »
Très sollicités depuis deux ans sur ce sujet sensible qui divise la profession, les internes avaient réservé leur jugement, souhaitant d'abord mener une concertation. Jean-Baptiste Bonnet, ex-président de l'ISNI avait ouvert le bal en lançant en 2018 un groupe de travail sur la place des médecines alternatives dans l'enseignement. Il avait également refusé de cosigner la fameuse tribune des 124 médecins ayant dénoncé les « fakes médecines ». Un an plus tard, Antoine Reydellet, président de la structure, avait repris le flambeau et organisé une journée de débat entre jeunes praticiens.
* Les auteurs sont des anciens membres de l'ISNI du bureau 2018-2019 : Antoine Reydellet, Isabelle Riom, Sylvain Gautier et Côme Bommier.
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