Devant plus de 800 futurs généralistes réunis ce jeudi à Lyon pour la 23e édition du congrès de l’Intersyndicale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), Raphaël Presneau, son président, a dévoilé les premières pistes de la rémunération envisagée à ce stade pour la future 4e année d'internat. Instaurée par la loi de financement de la Sécurité sociale fin 2022, cette dixième année d’étude supplémentaire toujours controversée devrait se faire « sous un statut mixte, avec une rémunération fixe et une part variable », a-t-il indiqué évoquant un salaire « d'environ » 3 200 euros net mensuels versé aux futurs généralistes.
Le chiffre, avancé ce jeudi au congrès, est issu des travaux de la mission interministérielle, dont fait notamment partie le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE, et lancée fin septembre. Le résultat de la concertation semble donc se rapprocher des revendications des carabins qui réclamaient une part de rémunération à l’acte pour cette quatrième année d'internat. « Il était inacceptable pour nous de ne pas percevoir le moindre centime sur les consultations que nous allons réaliser », martèle Raphaël Presneau.
30 % de rétrocession
Dans le détail, la mission proposerait donc que les internes en phase de consolidation touchent chaque mois la rémunération fixe d’un docteur junior (soit 1 850 euros net mensuels), à laquelle s’ajoutera « une part de tarification à l’acte, avec une rétrocession de 30 % pour l’interne », détaille Raphaël Presneau. Une fois les cotisations déduites, « nous arriverons à une rémunération d'environ 3 200 euros net mensuels ! », se félicite-t-il, sous les applaudissements nourris des carabins. Un calcul qui se base sur une moyenne de 20 consultations quotidiennes, quatre jours par semaine.
Cependant, Raphaël Presneau met en garde ses camarades : « Attention, il s’agit de l’orientation suggérée par la mission, le ministère peut décider de ne pas en tenir compte. » Les résultats complets de la mission sont attendus dans les jours qui viennent.
Rapport rendu dans les prochains jours
Mais le rapport devrait donner également quelques autres gages aux carabins, comme la suppression des stages obligatoires en zone sous-dense. « On nous l’a certifié : les stages ne devront pas être agréés pour des raisons géographiques », indique l'interne nantais.
Malgré tout, le président de l’Isnar reste conscient que « la mission ne pourra répondre à toutes nos craintes ». Par exemple, alors que les enseignants poussent pour que la thèse soit passée dans les trois premières années d’internat, « avec un nombre d’encadrants réduit, ce délai est inenvisageable, irréaliste », dénonce-t-il.
Agnès Firmin Le Bodo se défend
Une heure plus tôt, la ministre déléguée aux Professionnels de santé, Agnès Firmin Le Bodo avait été accueillie très fraîchement par les internes. Sous les rires et quelques sifflements, elle avait tenté tant bien que mal de défendre « les enjeux pédagogiques » de la 4e année, qui devrait servir selon elle « à mieux se préparer la pratique ambulatoire et au travail en équipe ».
« Personne n’est dupe de la volonté de garder à disposition la main-d’œuvre que représentent les 4 000 internes de médecine générale », a défendu Raphaël Presneau, rappelant que « contrairement à ce qu’affirmait François Braun, cette 4e année n’a jamais été à l’initiative des internes ».
Seule salve d’applaudissements offerte à la ministre, lorsque cette dernière a évoqué la grève du 14 février prochain… L’Isnar se joindra mardi à la manifestation lancée par l’intersyndicale des médecins libéraux et entend protester contre la « menace du statut de médecin traitant ».
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale