La situation devient « catastrophique » pour les internes en Guadeloupe, des carabins appellent au droit de retrait

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Publié le 25/11/2021
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Crédit photo : AFP

Accès routiers bloqués, agressions, menaces… Alors que la crise sanitaire et sociale ne s’éteint pas en Guadeloupe, le Bureau des internes des Caraïbes (BIC) alerte sur une « situation catastrophique pour les internes » et pointe du doigt une insécurité croissante pour les futurs médecins sur le département. « Les internes présents sur le territoire doivent faire face à ces menaces afin de se rendre sur leur lieu de travail, qu’il soit hospitalier au CHU de Guadeloupe et au CH de Basse-Terre ou ambulatoire », déplore le syndicat d’internes dans un communiqué, également relayé par l'intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH).

Il y a quelques jours, un interne en médecine générale s’était fait agresser en tentant d’entrer au CHU de Pointe-à-Pitre, rapporte « Le Parisien ». « Le gars m’a étranglé avec sa main gauche, le poing braqué sur moi », témoigne ainsi l’interne, choqué. Alors qu’environ 150 nouveaux internes débutent leur formation chaque année aux Antilles, le BIC tacle la gestion des autorités : « L’insécurité et la mise en péril de la vie (des internes), ainsi que celle du corps médical hospitalier n’apparaît pas comme un axe de priorité de la gestion de la crise par la préfecture et l’ARS, qui dénoncent seulement les agressions physiques à leur encontre. »

Droit de retrait

Face à la montée des menaces et pressions, certains internes guadeloupéens ont carrément demandé d’exercer leur droit de retrait. « Nous les soutenons dans cette démarche », répond le syndicat, qui se prononce en faveur du droit de retrait « tant que les conditions minimales de sécurité à l’exercice de leur fonction ne seront pas obtenues ». Le droit de retrait permet aux internes de ne pas se rendre sur leur terrain de stage, lorsque leur sécurité n’est plus garantie. « Le risque d’agression en fait partie », confirme le BIC, qui conseille aux internes de « penser à le communiquer par écrit aux chefs de service et à la direction ». Le syndicat a par ailleurs lancé un appel invitant les internes ayant subi des agressions similaires à témoigner.

Les internes demandent également au préfet de l’île de mettre en place un service policier permanent aux abords du CHU et tout le long des axes routiers y menant, pour sécuriser l’arrivée des soignants et des étudiants. Enfin, le directeur du CHU de Guadeloupe est lui aussi sommé par les juniors de « permettre aux internes ne pouvant regagner leur domicile de bénéficier d’un hébergement temporaire le cas échéant ». « Les internes regagneront leurs postes au moment où leur sécurité sera de nouveau assurée », tranche la centrale.

L'ARS de Guadeloupe avait alerté, lundi, dans un communiqué, sur « les agressions physiques que les professionnels de santé ont subi ces derniers jours alors qu'ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de la Guadeloupe, elles auraient pu avoir des conséquences dramatiques pour l'intégrité physique de ces soignants. Ce n'est acceptable ». Sans citer spécifiquement les cas des internes, l'agence a, par ailleurs, indiqué que des plaintes sont systématiquement déposées et des poursuites engagées. 


Source : lequotidiendumedecin.fr