Fin de la PACES : ce qui devrait changer avec la réforme

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Publié le 19/12/2018
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Bye bye la Première année commune aux études de santé (PACES) mais pas bye bye la galère. Les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont officiellement rendu public le rapport du Pr Jean-Paul Saint André sur la refonte du premier cycle des études médicales. Et les pistes proposées par le groupe de travail de l'ex-doyen et président de l'Université d'Angers promettent de nouveaux casse-tête aux bacheliers et à leurs parents.

Finie la voie royale, l’objectif est de diversifier les profils des futurs médecins en multipliant les voies d’accès. Un élève de terminale souhaitant accéder aux études de santé aura donc plusieurs options. Il pourra par exemple se porter candidat en deuxième année après avoir validé une première année de licence dans un autre domaine et y compris dans les universités sans composante santé.

Par exemple un étudiant ayant suivi et validé une première année de licence écogestion, mathématique ou informatique pourra, s'il est retenu, intégrer les études de santé en deuxième année. L’admission pourrait également être conditionnée à « la validation additionnelle d’unités d’enseignement constituant une mineure santé » et d’autres critères comme une moyenne minimum qui seront connus à l’avance par les étudiants.

Une épreuve écrite ou orale permettra de sélectionner les futurs deuxième année parmi ceux étant admissibles. « Toutes les licences ne permettent pas forcément une candidature dans toutes les filières, précise le rapport. Il est par exemple possible de candidater en médecine et maïeutique à partir d’une L1 de psychologie, mais en pharmacie à partir d’une L1 de chimie. » Si l’étudiant n'est pas admis en deuxième année, il peut à nouveau candidater en fin de deuxième ou de troisième année de licence. En L3, certains pourront aussi postuler pour rentrer directement en troisième année.

Zéro redoublement mais trois chances

Les jeunes qui peuvent étudier dans une université avec composante santé et/ou qui sont sûrs de vouloir s’orienter vers les études en santé peuvent s’y inscrire via le Portail santé, le nouveau nom de la PACES. L’admission se fait via Parcoursup. L’étudiant précise la ou les filières santé dans laquelle il souhaite continuer en deuxième année ainsi que la formation « hors santé » pour la suite de son cursus s’il échoue à rentrer en deuxième année.

Au cours de cette première année, il suit donc des cours spécifiques aux filières santé mais aussi des enseignements lui permettant de se réorienter dans un autre domaine. Sur ce point, les étudiants regrettent que le rapport ne soit pas plus précis : « il est question de cours d’ouverture mais il est important pour nous que l’étudiant puisse suivre des cours d’autres licences », explique Clara Bonnavion, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Là encore, les critères d’admission en deuxième année ne sont pas encore tous connus. Le rapport confirme simplement que le redoublement va disparaître, les étudiants collés pouvant continuer dans une Licence 2 hors santé et retenter leur chance à la fin de leur deuxième ou leur troisième année. Les étudiants seront extrêmement vigilants sur les modalités d’évaluation afin que le Portail Santé ne soit pas simplement une « nouvelle Paces déguisée ». L’Anemf évoque des « modalités diversifiées et encadrées pour prévenir tout favoritisme et permettre un choix plus en adéquation avec les qualités requises à nos formations ».

Des étudiants de niveau master pourront aussi intégrer les études en santé sur dossier, tout comme des titulaires d’un autre diplôme de professionnel de santé.

Chaque université devra définir les voies d’accès au premier cycle des études en santé mais devra en proposer au moins deux. De façon à diversifier les profils des candidats, aucune voie ne doit représenter plus de 60 % du total du nombre de places en deuxième année. « Il faut qu’il y en ait beaucoup plus que deux et pouvoir accéder aux études de santé via un nombre important de licences », estime Clara Bonnavion. De plus, les critères d’admissibilité et les épreuves d’admission seront choisis par chaque université.

Des désaccords sur le Portail Santé

Même s’il dessine les contours du futur premier cycle de médecine, ce rapport maintient encore de nombreuses interrogations. Un flou nécessaire pour arriver au compromis. En effet les concertations ont été très tendues entre les étudiants et la conférence des doyens. « Il y avait une forte opposition, notamment sur la création du Portail Santé », relate Clara Bonnavion. Modèle porté par les doyens, les étudiants y étaient opposés et il a dû être fortement modifié pour figurer dans ce « rapport de compromis ». « Il comporte encore de nombreux écueils, il y a de nombreux points d’insatisfaction sur lesquels il faudra revenir », estime Clara Bonnavion. En revanche si la multiplication des voies d’accès peut apparaître complexe, elle permet d’insuffler un nouvel esprit aux études en santé. « Nous avons l’habitude que ce soit simple en médecine mais il y a bien d’autres formations où l’on candidate en venant d’horizons différents. Il faudra bien expliquer au départ mais cela va permettre d’ouvrir les portes à beaucoup plus d’étudiants et c’est positif », souligne Clara Bonnavion.

Quant aux interrogations restantes, les ministères les trancheront sans doute rapidement puisque Frédérique Vidal et Agnès Buzyn ont annoncé hier que les propositions allaient être étudiées et les axes de la réforme présentés dans le « courant du mois de janvier 2019 ».


Source : lequotidiendumedecin.fr