Son stéthoscope autour du cou, Carla Valette, étudiante en cinquième année de médecine, décrypte sur son compte TikTok — le réseau social de courtes vidéos, prisé par la génération Z — différents sujets médicaux : de la grossesse aux panaris, en passant par les reflux gastriques, la paresthésie ou la rhinoplastie ; le tout avec humour et précision. Avec plus d’un million d’abonnés sur TikTok, la Toulousaine est à 24 ans l’étudiante en médecine la plus populaire de France. Quel est son but et qui est-elle ? Le Généraliste a recueilli ses confidences.
« Altruiste, j’aime aider, trouver des solutions à des problèmes. Je savais que j’avais un profil scientifique, tourné vers les autres, donc je suis allé en première année de santé. » C'est la raison pour laquelle Carla Valette s'est engagée dans les longues et éreintantes études de médecine. Et à force de persévérance, elle est aujourd’hui en cinquième année.
@carla.valette Je t’explique ma rhinoplastie ouverte / ##prodelarecup ##medecine ##tiktokacademie ##visagesemoji
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Dans l’idéal, la jeune femme se verrait bien chirurgien, aimant « ce qui est manuel » et ayant « fait des stages, observé et participé à des opérations ». Ce qu’elle aime, c’est le dynamisme de cette spécialité. Ce mouvement, associé à une volonté d’explication, c'est ce qui l’a menée à faire des courtes vidéos, fin novembre 2020, sur le réseau social TikTok.
Un succès fulgurant
D’où lui est venue cette idée ? « J’ai vu sur les réseaux sociaux des médecins qui produisaient du contenu sur la santé… notamment sur TikTok, qui était plus du divertissement pour moi ». Alors, comme aucun français n'y faisait de vulgarisation, Carla Valette s’est lancée dans l’aventure pour « expliquer des choses simples à un public non scientifique ».
Succès fulgurant. Les likes et abonnés abondent. Une surprise ? « Je n’avais pas prévu d’avoir autant de succès. Bien sûr, le but était que mes vidéos soient vues… mais aussi de me divertir ! Je suis très contente, mais aussi un peu inquiète face à l’ampleur que ça prend… On n’y est pas préparé. »
Si elle se dit « discrète », la jeune étudiante en médecine se déhanche sur ses premières vidéos déjantées, où elle reprend les codes du réseau social, ironisant sur de nombreux sujets. « Je suis arrivée avec mon authenticité, ma simplicité, mes mots… sans trop réfléchir. J’avais peur de parler au début, mais, mes dernières vidéos où je parle marchent encore mieux et sont plus simples à réaliser ».
@carla.valette Reflux gastrique ⚠️ / ##lumieresur ##medecine ##tiktokacademie ##penaltygame
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Quel est donc ce qui la motive à produire chaque jour du contenu ? « J’ai remarqué que les gens ont des idées reçues, des déformations de connaissances sur leur propre corps. Mon objectif est qu'ils se comprennent mieux, remettre en place certaines idées. »
Les retours de médecins vulgarisateurs, comme elle, sur le web, sont positifs. « Je fais attention à ce que toutes mes sources soient vérifiables ». Pour l'instant, la Toulousaine ne tient pas à « aborder le Covid-19 ou les sujets casse-gueule », ne se sentant pas encore assez légitime. Alors, elle se contente de répondre aux interrogations les plus populaires de ses abonnés.
« S’adresser à tout le monde »
Pour prendre le pouls de sa communauté, Carla Valette consulte les commentaires et messages de ses aficionados, qui lui demandent de traiter certains sujets. Grossesse, contraception, règles… la jeune étudiante est « débordée de questions sur la sexualité ». Pourquoi ? « C’est un sujet qui fait beaucoup parler, rire, qui est gênant parfois, aussi. Si les gens avaient toutes les informations à leur disposition, ils ne regarderaient pas mes vidéos. »
Si elle ne sait pas quel âge ont ses abonnés, 48 % sont des femmes et 52 % des hommes. Selon elle, autant de jeunes de treize ans que d’adultes de l’âge de ses parents lui envoient des messages. Son objectif est donc « de s’adresser à tout le monde ». Alors, elle publie en moyenne deux vidéos par jour, se filmant chaque soir avec son téléphone. Chaque vidéo lui prend 15 à 20 minutes à réaliser. « Le temps ça s’organise. Une journée compte 24 heures, si je n’ai pas 15 minutes à accorder à une vidéo… »
@carla.valette Ceci est une vrai soirée médecine / ##mathmoica ##medecine
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Au fond, Carla Valette ne vit pas si mal le confinement et le couvre-feu, même si en bonne étudiante de médecine, elle n'a, de toute façon, pas beaucoup de temps libre à côté des études. « Je suis beaucoup à la maison : je révise, je ne sors pas tant que ça d’habitude. Ce qui me frustre, c’est la fermeture des salles de sport. Mis à part ça, mon quotidien est le même… » Plus tard, la jeune influenceuse santé compte faire fructifier sa nouvelle popularité, mais pour l’heure, l’objectif est de réussir l’examen des ECNi. Chaque chose en son temps.
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