Renoncement aux soins, épisode dépressif

Frédérique Vidal veut soigner les étudiants en souffrance

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Publié le 27/06/2019
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Non seulement les étudiants ne vont pas très bien, mais en plus ils se tournent difficilement vers les professionnels de santé. 

C'est le principal constat des premiers Rendez-vous de la santé étudiante, événement organisé lundi 24 juin à l'université Paris-Dauphine. Un étudiant sur deux déclare avoir eu un comportement à risque au cours de l'année universitaire (excès d'alcool, consommation de drogues, conduite dangereuse), indique une enquête présentée à cette occasion. 79 % déclarent avoir été stressés, majoritairement à cause des examens (54 %) ou des études en général (50 %). En plus d'une santé fragile, les jeunes ne consultent pas systématiquement. Un étudiant sur quatre a connu un épisode dépressif et seuls 29 % ont été diagnostiqués.

Plus largement, 57 % des étudiants admettent avoir renoncé aux soins au cours de l'année, par manque d'envie, pour une question de temps ou d'argent. Si le niveau de consultation du médecin généraliste est satisfaisant (84 % déclarent en avoir un, 70 % l'ont consulté dans les 12 derniers mois), les jeunes renoncent plus facilement aux autres spécialités : 57 % n'ont pas consulté de dentiste dans l'année et 43 % de gynécologue.

Devant la communauté universitaire, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a rappelé ses exigences : « Il faut prendre à bras-le-corps ce sujet. Nous ne pouvons pas nous permettre la moindre impasse ou zone d'ombre. Nous ne pouvons pas ignorer que le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 18-24 ans ».

La ministre a appelé à déployer des « efforts pour mieux repérer et aider ces étudiants en souffrance ». « Il faut que les soins viennent plus facilement aux étudiants, a t-elle insisté. C'est pourquoi j'ai souhaité accélérer la transformation des services de santé universitaires en centres de santé » médicaux ou infirmiers. C'est le cas pour la moitié d'entre eux pour l'instant. Frédérique Vidal a aussi rappelé les mesures mises en place depuis deux ans aux côtés d'Agnès Buzyn, ministre de la Santé, en particulier l'affiliation des étudiants au régime général qui leur évite « d'attendre pendant des mois leur carte Vitale ».

Les carabins en première ligne

Concernant les jeunes médecins, Frédéric Vidal a salué la suppression de la PACES et ces épreuves classantes nationales (ECN), couperets qui donnaient « plus de découragement que de bons médecins ». Il faut rappeler que les futurs médecins présentent un risque de dépression supérieur à la moyenne nationale. En 2017 une enquête sur la santé mentale des jeunes a montré que cette population est quatre fois plus touchée par les idées suicidaires que les autres. Deux jeunes médecins sur trois seraient anxieux contre 26 % dans la population générale. 28 % des répondants ont une symptomatologie dépressive contre 10 % du reste des Français. « Sur une ancienne promotion d'internes en médecine générale de 250 personnes, le nombre de démissions, arrêts maladie et suicides est proprement sidérant », a constaté, atteré, le Dr Yannick Schmitt, ex-président de Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), lors d'une table ronde organisée par « Le Quotidien ». 

Pour cette population étudiante particulièrement fragile, le gouvernement a prévu un plan ministériel pour lutter contre la souffrance des étudiants en santé et la création d'un centre national d'appui (CNA, composé d'étudiants, de patients, de professionnels de santé, des doyens et de l'Ordre), dont l'objectif de promouvoir la qualité de vie des étudiants en santé et des soignants. « Le CNA devrait être lancé en ligne avant l'été, espère Clara Bonnavion, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Il tarde à se mettre en place, ce qui est dommage, car on en attend beaucoup. »

*Enquête d'Opinionway pour la mutuelle MGEN, réalisée auprès 1 002 étudiants âgés de 16 à 28 ans et de 370 étudiants adhérents MGEN, par questionnaire administré en ligne du 3 au 26 mai

 

 

S.M

Source : Le Quotidien du médecin: 9761