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La médecine générale veut être partie prenante dans la réforme du deuxième cycle

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Publié le 17/06/2021
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Après la réforme du troisième cycle (R3C) et celle du premier cycle mise en place cette année, la réforme du deuxième cycle (R2C) est dans les starting-blocks pour entrer en vigueur pour les étudiants qui arriveront en 4e année en septembre 2021.

L’objectif de la réforme est de sortir de la logique de l’accumulation de connaissances sanctionnée par le couperet des épreuves classantes nationales informatisées (ECNi), pour aller vers une évaluation qui repose sur une hiérarchisation des connaissances, un enseignement par compétences et une valorisation du parcours de l’étudiant pour le choix de sa spécialité.

Un nouvel examen et des évaluations par simulation

Concrètement cela se traduit par la fin des ECNi, les dernières auront lieu en juin 2023. Pour la promotion qui débute l’externat en septembre prochain, il n’y aura donc pas d’ECNi, mais un EDN (examen dématérialisé national) qui aura lieu au début de la sixième année, en octobre 2023. Dans cet EDN, les connaissances sont hiérarchisées : certaines de rang A, pour lesquelles 70 % de bonnes réponses sont attendues, et d’autres de rang B. Certains items seront également pondérés selon les spécialités. Cette note au EDN, représentera 60 % de la « note » qui déterminera le « matching » de l’étudiant avec une spécialité.
30 % de la note sera constituée par le résultat aux examens cliniques objectifs et structurés (Ecos) que les étudiants passeront à la fin de leur sixième année. Cet examen s’appuiera sur de la simulation avec des mises en situation des externes.
Par exemple à Lille, où la faculté a déjà mis en place cet examen, les étudiants ont suivi un parcours de cinq stations : technique, clinique, biologie, imagerie et thérapeutique, avec deux ateliers de sept minutes dans chaque.
Les 10 % restant de la note des 6e année pour le passage en troisième cycle reposera sur le parcours de l’étudiant : engagement associatif, stages etc.
« Il y a des attentes fortes des étudiants notamment pour être mieux formés et sortir du concept de l’étudiant hypermnésique », explique Jeanne Dupont Deguine, vice-présidente de l’Anemf. « On se rend compte que la marche de l’externat à l’internat est devenue plus compliquée au fil des années, parce que les internes ont plein de connaissances mais ne savent pas forcément les utiliser car certaines sont trop spécialisées », ajoute-t-elle. Sur les stages pendant l’externat, les étudiants espèrent aussi que cette réforme permette une diversification des lieux et de sortir du « tout CHU ».

Une chance pour la spécialité

Autant d’opportunités à saisir pour la médecine générale qui veut être partie prenante de cette réforme, notamment dans la rédaction des items liés à la médecine générale pour l’EDN ou celle des situations de départ (ADD) évaluées lors des Ecos. Pour le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE, cette R2C est une chance. « Le vrai enjeu est qu’il y ait une amélioration de la qualité des soins pour les patients. Que demain, quand les internes se retrouvent lors de leur premier jour en stage, leur première garde, etc., ils ne soient pas complètement désemparés avec une tonne de connaissances qui se bousculent dans leur tête et peu de mise en perspective ». Il estime également que la réforme est une opportunité pour sortir des visions archaïques qui peuvent encore exister sur la médecine générale. « Il faut accompagner la réforme du point de vue disciplinaire pour que les étudiants comprennent dès le 2e cycle que la médecine générale, à l’instar de toutes les autres disciplines, a son propre champ disciplinaire. Qu’elle a un corpus qui lui est propre et qu’elle ne se définit pas en creux lorsqu’on a acquis un niveau passable dans toutes les autres spécialités ». Le président du CNGE encourage donc ses collègues à s’investir dans cette réforme, même s’il les met en garde : « il faut un peu de courage et d’énergie pour accompagner cette transformation car il ne faut jamais sous-estimer l’inertie et la résistance au changement. Nous risquons d’y être confrontés dans certaines UFR ».
Et une fois cette R2C mise en place, elle entraînera aussi certainement des changements pour le troisième cycle. « Il va falloir un réajustement important de la R3C car les futurs internes seront très différents des internes actuels, estime le Dr Christian Ghasarossian. Il va falloir repenser la phase socle ».


Source : lequotidiendumedecin.fr