Le 1er février dernier, le Pr Didier Samuel était nommé président-directeur général de l’Inserm. La Conférence des doyens de faculté de médecine devait donc désigner un nouveau président.
C’est désormais chose faite avec la nomination mardi 7 mars de l’ancien vice-président le Pr Benoît Veber.
Le professeur d’anesthésie-réanimation, responsable du service de réanimation chirurgicale au CHU de Rouen et également doyen de la faculté de santé de la ville, devient donc président pour la fin du mandat qui doit durer encore deux ans. Il formera un binôme avec le Pr Bruno Riou, doyen de la faculté de médecine de la Sorbonne université et président de la Conférence des doyens de santé d'Île-de-France, qui devient vice-président.
Le tandem est revenu lors d’une conférence de presse de présentation sur les enjeux qui les attendent avec « un monde universitaire qui traverse une période charnière », et notamment sur les trois réformes des études médicales menées ces dernières années.
Le rapport 4A à la fin du mois
Concernant la réforme du troisième cycle ou R3C, le Pr Veber est bien placé pour en parler puisqu’il était chargé de mission de suivi de cette dernière.
« La réforme est mûre, elle ne pose pas de problème majeur et elle a très bien structuré l’accès aux spécialités », estime-t-il. « Un groupe de travail spécifique a déjà proposé des optimisations et continue à le faire et nous allons pouvoir aborder dès l’année prochaine le deuxième DES », ajoute-t-il.
Ce dispositif permettra à des médecins de se réorienter. Ils devront avoir eu un temps professionnel d’au moins trois ans et la durée de ce nouveau DES ne pourra pas être inférieure à la moitié de celui initial.
Sur le 3e cycle, l’évolution du DES de médecine générale avec l’ajout d’une 4e année est évidemment le sujet du moment. La publication du rapport de la mission 4A qui a été remis aux ministères en début d’année est très attendue. Et d’après le Pr Veber, le Pr Bach-Nga Pham, membre de la conférence des doyens mais aussi de la mission 4A, indique qu’il devrait être dévoilé d’ici la fin du mois de mars.
Moins de licences avec accès santé
Concernant la réforme de la Paces, le nouveau président des doyens rappelle les deux bénéfices importants qui l’ont guidé : « faire disparaître l’effet cul-de-sac qui existait avec la Paces », et « la diversification des profils ».
Mais dans l’ensemble, le Pr Veber reconnaît qu’il faudra faire un bilan et proposer des modifications. Comme il était convenu avec la précédente ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, il faut attendre qu’une première promotion ait fait « un tour complet » pour pouvoir lancer l’évaluation. Ce sera le cas en juin quand les premiers étudiants issus de la réforme atteindront le niveau de licence.
« Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, tempère le Pr Veber. Il y a des choses intéressantes et il faut notamment garder les deux objectifs piliers de la réforme ». Mais parmi les modifications, il évoque des probables « simplifications » et notamment le fait de « ne pas multiplier à l’infini les licences avec accès santé ».
Montée en charge progressive pour la R2C
Mais parmi les trois réformes, celle qui pose sans doute le plus de problèmes à l’heure actuelle est sans doute celle du deuxième cycle (R2C). Les étudiants réclament encore et toujours sa finalisation et ils ne sont pas forcément d’accord avec les doyens sur les modalités d’organisation des examens cliniques objectifs structurés (Ecos).
Les étudiants demandent que, comme cela était prévu, les Ecos nationaux aient lieu avec deux examinateurs par stations, dont l’un qui proviendra d’une faculté extérieure. Les doyens, eux, souhaiteraient une solution intermédiaire.
« Nous comprenons les inquiétudes mais la barre a été mise très haut et c’est extrêmement complexe à organiser, juge le Pr Veber. La question est de savoir s’il ne faut pas trouver une solution intermédiaire de montée en charge progressive pour éviter un crash test ». Sur l’anxiété des étudiants pris dans cette réforme celui-ci ajoute, « nous faisons tout pour ne pas l’augmenter ».
Par ailleurs, alors que les Ecos sont prévus avec un caractère classant, les doyens seraient favorables à ce qu’ils soient plutôt des examens validants. « Il n’y a que la France qui propose des Ecos classants, ailleurs ils sont validants », note le Pr Riou.*
Au-delà des réformes des études, sur les autres enjeux qui se présentent à eux, les doyens ont notamment évoqué les problèmes d’attractivité des carrières hospitalo-universitaires.
Concernant les enjeux démographiques, ils ont également insisté sur la place de l’université dans les territoires. Pour générer de l’attractivité pour les plus jeunes, les relais universitaires dans les territoires avec des antennes hors UFR, la présence de professeurs associés, etc. sont évoqués. Le Pr Veber a notamment cité dans sa région l’antenne universitaire du Havre qui « a déjà des effets en termes d’attractivité ».
*Suite à la conférence de presse, la Conférence des doyens a tenu à préciser ses propos sur les Ecos
« Nous avons souligné notre responsabilité de mettre en place cette nouvelle procédure de contrôle des compétences dans les meilleures conditions. Les dispositions actuelles, soutenues par une majorité d’acteurs enseignants et étudiants, sont plutôt en faveur d’Ecos validants et classants. Ce principe n’est pas remis en cause. Ce que nous demandons, en revanche, c’est que nous anticipions la mise en place pratique de cette procédure de contrôle des compétences, avec le ministère de l'Enseignement supérieur. En effet, il nous faudra organiser en même temps, dans toutes les facultés, cet examen avec des enseignants hospitalo-universitaires faisant fonction d'observateurs-évaluateurs et devant être internes et extérieurs à nos UFR. Cette organisation constitue un dispositif matériel lourd à mettre en place, demandant des moyens et une logistique complexes. L'absence d'anticipation nous exposerait à un risque d'échec de cet examen, situation qui serait très préjudiciable pour nos étudiants. Ce travail fait l’objet de discussions en cours entre les parties prenantes ».
article mis à jour le 16 mars
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