L’affaire a fait grand bruit dans le milieu médical. Lors d’une épreuve de démographie et statistiques médicales organisé le 6 mai, des étudiants de l’université Sorbonne Paris Nord (Bobigny) – inscrits en licence accès santé (L.AS) – ont dû répondre à plusieurs questions très politisées sur le conflit israélo-palestinien.
L’intitulé du sujet débutait de cette façon : « À Gaza, l'âge médian est de 18 ans ». Partant de ce postulat, les étudiants devaient plancher sur plusieurs questions à réponses ouvertes courtes (QROC). « Décrivez et tentez de dessiner la pyramide des âges gazaouie ? Quelles principales incidences découlent de ce fait quant à l'actualité du conflit Israël Hamas ? Et dans un avenir prévisible ? »
Plus de 1 000 médecins et professeurs mobilisés
Choqués par la teneur de l’épreuve et le corrigé proposé, plus de 1 000 universitaires – professeurs et docteurs en médecine – ont interpellé, dans une tribune publiée le 22 mai dans Le Point, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, le Dr François Arnault et son secrétaire général, le Dr Pierre Maurice.
« Monsieur le président, Monsieur le secrétaire général. Vous n'avez pas manqué, comme nous-mêmes, d'apprendre par la presse qu'une question à teneur fortement politisée concernant le conflit au Moyen-Orient a été posée le 6 mai dernier […]. Les médecins signataires expriment leur étonnement, leur total désaccord et leur condamnation sans appel d'une “question d'examen” dont le contenu inadmissible et tendancieux ne présente aucune relation avec les études médicales », écrivent-ils.
Face à cette épreuve qu’ils jugent « indigne d'un enseignement universitaire », les signataires ont, dans la tribune, formulé « le souhait que le Conseil national [ait] à cœur de condamner sans ambiguïté » cet incident. Contacté ce jour, le Cnom n’a pour le moment pas souhaité s’exprimer.
L’enseignant à l’origine de l’examen remercié
Dans un communiqué de presse diffusé le 23 mai, l’université Sorbonne Paris Nord (Bobigny) a de son côté reconnu que la « question comme le corrigé n’avaient (…) pour partie pas de rapport avec le contenu de l’enseignement ».
« Les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d'une pleine indépendance et d'une entière liberté d'expression dans l'exercice de leurs fonctions d'enseignement (…) sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d'objectivité », rappelle l’université.
Dans ce contexte brûlant, l’établissement a décidé de ne pas reconduire l’enseignant vacataire à l’origine de l’examen et a réaffirmé « que le racisme et toutes formes de discriminations n’ont pas leur place à l’Université ».
Contacté, le président de la Conférence des doyens, le Pr Benoît Veber, insiste. « La neutralité et la bienveillance indispensables aux études supérieures ne sont pas compatibles avec ce type de positions ». La question litigieuse ne sera pas prise en compte pour l’évaluation des étudiants, est-il par ailleurs précisé dans le communiqué.
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