Pour lutter contre la désertification médicale, la ville d’Orléans a décidé de privatiser les études de médecine. Une première en France avec un objectif, former des médecins pour qu’ils exercent ensuite sur le territoire.
En effet, jeudi 27 janvier, lors d’une conférence de presse, le maire de la ville Serge Grouard a annoncé la signature, le 21 janvier, d'un protocole d’accord entre la ville d’Orléans et la faculté de médecine de Zagreb en Croatie.
En pratique à la rentrée prochaine, cinquante étudiants français pourront intégrer la première année de médecine à la faculté de Zagreb. Les cours seront dispensés en anglais et les étudiants les suivront depuis Orléans, en présentiel ou en visioconférence avec un corps enseignant mixte de professeurs et médecins croates et français, explique un article de France Bleu. L’examen de fin d’année aura lui lieu en Croatie. Des bourses devraient être données à ces étudiants en contrepartie d’un engagement à s’installer sur le territoire pendant plusieurs années.
D’après le dernier atlas de la démographie médicale de l’Ordre des médecins, le Loiret a une densité de généralistes en activité régulière (tous modes d’exercice confondus) de 86,7 médecins pour 100 000 habitants, soit en dessous de la moyenne nationale qui s’établit à 123. Et depuis dix ans, le département a perdu 20,8 % de ses effectifs. En début d’année déjà, une trentaine d’élus locaux avaient demandé comme mesure d’urgence, la création d’une antenne locale à Orléans de la faculté de médecine pour former des étudiants.
Les doyens dénoncent un mercantilisme
Pour l’instant, la municipalité se résout donc à cette initiative qui est loin de ravir la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine qui se déclare « profondément choquée » dans un communiqué. Celle-ci indique notamment que ces négociations ont été menées sans impliquer les « responsables des deux universités de la région ».
Et si le coût d’inscription pour ces futurs étudiants n’est pas encore fixé, la Conférence des doyens rappelle que « l’université de Zagreb est connue pour accueillir chaque année 50 étudiants en médecine, tous étrangers, pour un enseignement en anglais, pour la somme de 12 000 euros par an ». Sur le contenu de la formation, elle souligne également que l’immunologie par exemple ne fait pas partie des enseignements obligatoires dans le cursus médical à Zagreb.
« Le projet rappelle celui de la prépa MOZ, en 2016, dans cette même ville d’Orléans, projet qui avait pu heureusement être stoppé tant il était inepte au plan de la formation et contraire à tous les principes éthiques de l’Université dans notre pays », ajoute la Conférence des doyens. En effet en 2016 le campus de l’université d’Orléans La Source avait tenté de mettre en place une prépa payante pour permettre d’intégrer la faculté de Zagreb pour y achever son cursus médical, mais à l’époque le projet s’était heurté notamment à des obstacles réglementaires.
Pour la Conférence nationale des doyens de médecine cette initiative témoigne un mépris « quant à l’exigence de qualité de la formation médicale » et « un mercantilisme ». Elle redit « son indignation et sa ferme opposition au marchandage de la formation médicale ».
Pour lutter contre les problèmes de démographie médicale du territoire, elle recommande plutôt « des renforts en professeurs et maîtres de conférences des universités pour accueillir le plus d’étudiants en médecine possible ».
Même si la solution n’est pas seulement de former plus de médecins, « l’enjeu aujourd’hui est surtout de trouver les ressorts d’une plus grande solidarité territoriale que cette initiative du maire d’Orléans met à mal », conclut-elle.
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