Quand on s’installe, la reprise d’un cabinet peut par certains aspects sembler plus simple qu’une création ex nihilo. Cette solution évite en effet bien des tracas, à commencer par le casse-tête de la recherche d’un lieu adapté. De plus, avec une patientèle déjà existante, on est presque sûr d’avoir un agenda rempli dès le premier jour de travail. Il peut donc être tentant de choisir de succéder à un confrère… mais cela nécessite de bien se renseigner sur quelques points bien spécifiques.
La question des charges auxquelles on aura à faire face est l’une des plus faciles à résoudre. « Dans le cas d’une reprise, on a les comptes des années passées, explique Béchir Chebbah, président de l’Union nationale des associations agréées (Unasa), qui conseille à ce titre de nombreux professionnels de santé libéraux en matière de gestion. Or on sait que les coûts de fonctionnement d’un cabinet médical sont essentiellement des coûts fixes : locaux, secrétariat, etc. Cet aspect des choses est donc relativement facile à évaluer. »
La question immobilière
Mais quand on s’installe, ce n’est pas parce qu’on connaît le montant de ses charges futures qu’on sait tout sur son avenir. « L’une des premières questions qu’il faut se poser est celle des locaux », avertit Béchir Chebbah. Celui-ci conseille bien sûr de prêter attention à la nature du bail, aux loyers… mais les plus grandes difficultés apparaissent selon lui quand on reprend l’activité d’un médecin qui exerce en groupe.
« S’il y a une SCI (Société civile immobilière, ndlr), il faut bien regarder quelles en sont les conditions d’entrée », conseille Béchir Chebbah. Le président de l’Unasa a en effet souvent remarqué que la question immobilière pouvait sur la durée générer des tensions. « Quand on entre, on paie souvent un loyer à ses associés qui sont propriétaires, ce qui peut à la longue créer le sentiment que l’on nourrit les autres, détaille-t-il. C’est donc un sujet qu’il faut traiter dès le départ, par exemple en laissant au moment de l’installation une fenêtre ouverte pour entrer plus tard dans la SCI. »
Tout passer au peigne fin
De manière plus générale, quand il reprend l’activité d’un confrère, le nouvel installé doit se demander si les conditions d’exercice que s’était façonnées son prédécesseur lui conviennent. De la question du secrétariat à celle du contrat de travail des salariés, en passant par celle du mobilier ou de l’installation informatique, tout doit être passé au peigne fin. « Quand on succède à quelqu’un qui était seul, cela pose généralement peu de problèmes, car on a 100 % du pouvoir de décision, relativise Béchir Chebbah. On peut donc modifier le fonctionnement, l’aménagement, etc. »
Il n’en va en revanche pas de même si on reprend l’activité de quelqu’un qui exerce en groupe. Il est dans ce cas important de s’assurer qu’on partage la vision du métier qu’ont les futurs associés. « Si vous ne partagez pas les mêmes valeurs, cela posera problème, car vous vous n’avez pas le pouvoir de changer les choses tout seul », détaille le patron de l'Unasa. Celui-ci prend un exemple tout simple : celui de l’attribution des nouveaux patients. « Quand un patient appelle et qu’il n’est pas encore connu au cabinet, il faut bien une règle », explique-t-il. Celle qui prévalait avant la reprise de l’activité par le nouvel installé lui convient-elle ? C’est une question à se poser avant de se lancer. D’où l’importance de bien connaître ses futurs associés, par exemple en ayant effectué des remplacements dans le cabinet avant la reprise.
Envisager le pire
Autre point important, d’après Béchir Chebbah, toujours dans le cas d’une reprise d’activité au sein d’un cabinet de groupe : le type de solidarité prévu entre les associés. « Qu’est-ce qui se passe en cas d’arrêt prolongé de l’activité d’un membre de la SCM (Société civile de moyens, ndlr), en cas d’accident ou de maladie, y a-t-il des assurances qui couvrent les pertes d’exploitation ? », énumère-t-il. En début d’exercice, il est en effet particulièrement important de savoir si, en cas de pépin pour l’un des associés, les conséquences financières retomberont sur tous les autres. Car en matière d’installation comme dans beaucoup d’autres domaines, il faut savoir envisager le pire… tout en prenant ses précautions pour qu’il n’advienne pas.
A. R.
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