Comment bien communiquer sur les réseaux sociaux ?

Publié le 10/05/2019
Vous les utilisez dans la sphère privée et ils deviennent incontournables dans votre vie professionnelle : les réseaux sociaux sont pourvoyeurs d’information et rompent l’isolement de l’exercice médical. Mais ils doivent être utilisés avec prudence et dans le strict respect de la déontologie.
Réseaux

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Les réseaux sociaux sont devenus au fil du temps de véritables canaux d’information. Certes, on y trouve de tout, du bon comme du moins bon, mais il est impossible de les ignorer. Pour preuve, Twitter se positionne aujourd’hui en principal concurrent de CNN aux États-Unis et occupe un rôle majeur en tant que facilitateur de relations. Instagram avait été conçu pour être un produit complémentaire de Facebook. Très influent dans le domaine de la consommation, il s’agit du réseau qui provoque chez ses utilisateurs, le plus d’achats impulsifs. Réseaux professionnels ou publics : les médecins ont largement pris la mesure des enjeux et toutes les générations, des plus jeunes aux moins jeunes, s’y sont mises.

Une richesse de réseaux et de données

Si le nombre de journaux scientifiques ou médicaux fond comme neige au soleil, la donnée scientifique prospère considérablement sur les réseaux sociaux. Pour certains praticiens, il s’agit même d’une nouvelle façon d’apprendre. Grâce à l’interactivité de sessions scientifiques que l’on trouve sur Twitter par exemple, les médecins peuvent participer à des débats sans quitter leur cabinet. Ils développent également plus facilement leur réseau professionnel avec lequel les échanges sont nombreux pour avoir des conseils ou des références médicales (#Doctoctoc).

Si l’objectif du praticien est la veille et l’échange avec ses pairs, il préférera s’abonner à des réseaux professionnels. Le plus connu, LinkedIn, permet la publication d’études, d’articles, de liens… Dans le domaine spécifiquement médical, Docatus, MeltinDoc, Esanum, MedPics, ReseauProSanté ou Univadis sont des sites de partage, de mise en relation et d’échanges entre confrères. On y trouve des articles d’actualité médicale, des forums ou la possibilité de participer à des enquêtes. Enfin, si l’objectif visé est une communication grand public, Facebook et Twitter seront privilégiés. Pierre-François Angrand, généraliste, webmestre de ReAGJIR et adepte de Twitter, Facebook et Instagram, utilise les réseaux sociaux pour trouver une issue à certaines situations cliniques complexes pour lesquelles le diagnostic n’est pas évident. « Je m’en sers pour faire de la télé expertise. C’est comme appeler un confrère pour obtenir un conseil au sujet d’un patient. Les réseaux sociaux sont à la fois une source d’information et un soutien logistique et organisationnel dans la pratique quotidienne. Et comme il est possible de suivre des comptes animés par des universitaires de très haut niveau, c’est presque de la FMC. »

Les écueils à éviter

Mais attention à ne pas y consacrer trop temps. Un généraliste est avant tout un médecin ! L’animation d’une page Facebook, la veille sur les réseaux spécialisés ou l’échange entre confrères sur des pathologies peuvent être très chronophages. De surcroît, l’utilisation des réseaux sociaux doit être avisée, tout praticien gardant à l’esprit qu’il est essentiel de soigner son image numérique en veillant à l’information qu’il publie ou que d’autres publient à son égard. Les deux pouvant entraîner de graves conséquences sur la réputation d’un praticien (1). Il est également vivement conseillé de ne pas faire l’amalgame entre compte personnel et compte professionnel et éventuellement de communiquer sous un pseudo. Même si en la matière, l’anonymat n’est malheureusement jamais complet.

Quant à l’information scientifique dénichée sur les réseaux sociaux, elle n’est pas toujours fiable. Il est donc nécessaire de faire du tri et de ne s’abonner qu’à des comptes pertinents. Quelques règles déontologiques sont à respecter et le CNOM y veille de près. En matière de communication virtuelle, le Conseil de l’Ordre insiste sur le principe éthique de bienveillance et de bonne confraternité. Le dénigrement d’un confrère via les réseaux sociaux est interdit, tout comme le détournement de clientèle ou l’utilisation de ces médias comme vecteur publicitaire.

La protection des données du patient

Enfin, il est de la responsabilité du médecin de toujours garder en mémoire que sa parole est assermentée et qu’il ne peut pas communiquer librement sur n’importe quel sujet. Une extrême vigilance s’impose. Pour preuve, même lorsqu’il est effacé, le tweet reste. Bien qu’à l’affût de toute information médicale susceptible de le renseigner sur sa pathologie, en aucun cas un patient ne doit pouvoir se reconnaître dans une publication. Afin de préserver la confidentialité, l’anonymat total des patients est une évidence et les données biométriques du malade (âge, sexe, localisation…) doivent être modifiées avant toute publication. Si un échange avec un patient devait avoir lieu, il est préférable de recourir à une messagerie privée. Pierre-François Angrand alerte tout de même : « Plus il y aura de données de santé sur ces réseaux qui ne sont pas habilités à en recevoir, plus le risque de levée du secret médical sera grand ! ». Les pouvoirs publics planchent sur cette épineuse question.

V. A. 

(1)  Selon les termes de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), « l'e-réputation est l'image numérique d'une personne sur Internet. Cette e-réputation est entretenue par tout ce qui concerne cette personne et qui est mis en ligne sur les réseaux sociaux, les blogs ou les plateformes de partage de vidéos ».

Relire notre dossier « Ce que Twitter a changé dans l'avis des généralistes »


Source : lequotidiendumedecin.fr