Cela n’arrive pas qu’aux autres ! 1 035 incidents ont été signalés auprès de l'Ordre par des praticiens libéraux en 2017 (7 % de plus en un an). À l’origine de 61 % des déclarations, les médecins généralistes sont en première ligne de ces incivilités, injures et autres agressions verbales ou physiques.
Prévenir vaut mieux que souffrir
Les jeunes candidats à l’installation doivent anticiper cette triste réalité et analyser leur environnement. Le but est de tout faire pour ne pas se retrouver dans une situation dangereuse pour leur sécurité en optant pour des mesures de prévention. À cet effet, le CNOM publie un guide pratique pour la sécurité des professionnels de santé qui aborde toutes les facettes de cette problématique, qu'il s'agisse de l'agencement du cabinet, de la protection des biens ou de la conduite à tenir en cas d'agression..
Sans devoir se barricader, il est important que vous puissiez reconnaître qui entre dans le cabinet. Optez pour des mesures basiques et efficaces telles un éclairage le plus fort possible du hall, voir de la devanture extérieure. Utilisez le système d’ouverture à distance doublé d’un vidéophone qui permet depuis le cabinet de consultation de visualiser les arrivants et d’actionner la gâche électrique de la porte.
Pour éviter les cambriolages, pendant vos consultations, pensez à fermer à clé les salles non accessibles au public. Avant de quitter les lieux, vérifiez toujours les toilettes, et recoins de votre installation.
Présentez-vous à vos voisins d’immeuble et aux commerçants de la rue en précisant votre emploi du temps, qu’ils restent vigilants en cas de phénomènes inhabituels.
Se maîtriser pour maîtriser
Rester calme est un moyen important pour déstabiliser l'auteur d'une agression verbale. Le jeune médecin doit faire tomber les tensions et tenter de dialoguer dans la mesure du possible même si établir le dialogue n’est pas toujours simple avec des patients mécontents, impatients, toxicomanes, alcoolisés ou malades présentant des pathologies psychiatriques.
Une bonne dose de psychologie voire d’humour peut servir à dédramatiser la situation.
La pratique régulière d’activité de contrôle et plus particulièrement de certains sports de défense peut aussi aider à favoriser cette maîtrise de soi et à garder son sang-froid.
En cas d’agressions physiques, il est important de se protéger des coups. Et si vous êtes en capacité de réagir, utilisez des gestes et des mouvements de self-défense appris auprès d’experts qui vous donneront confiance. Ainsi le Krav Maga, méthode inventée il y a près d’un siècle par l’armée israélienne, permet de contrôler l’adversaire. Mélange de gestes rapprochés et de mise à distance de l’adversaire, la technique est efficace pour se dégager d’une agression et maîtriser son adversaire. Depuis un an, une mutuelle encourage d'ailleurs les professionnels de santé à pratiquer cette méthode d'autodéfense.
Rapporter et signaler
En cas d’agression, vous devez avoir le réflexe complémentaire de joindre la police (17) ou le 112 depuis un portable. Des départements comme la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne ont réservé une ligne téléphonique dédiée aux professionnels de santé avec un référent sécurité.
Certains systèmes de téléalarme sous forme de beeper au cabinet ou en visite sont aujourd'hui proposés aux médecins pour permettre leur géolocalisation et d’alerter des services de police secours plus rapidement. Encore faut-il être en capacité d’appuyer sur le boîtier.
Enfin, outre une main courante et/ou une plainte déposée, faites une déclaration à votre conseil de l’Ordre après une agression verbale ou physique : les statistiques permettent de peser plus efficacement auprès des pouvoirs publics et de mieux organiser la sécurité globale.
N’oubliez pas que le danger peut surgir lors d'une visite à domicile ou d'un déplacement. Ici plus qu’ailleurs, là où le médecin est vulnérable, anticipez !
A.C.
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