Se syndiquer, pour quoi faire ?

Publié le 11/01/2019
Les médecins, lorsqu'ils s'installent, peuvent se sentir isolés et s'interroger sur la nécessité ou non d'adhérer à un syndicat. Est-ce vraiment utile pour disposer d'un appui en cas de conflit ou être davantage informés sur l'actualité de la profession ? Quelles autres raisons peuvent pousser à le faire ? Des adhérents et responsables d'organisations exposent les avantages à devenir membre d'une structure représentative.
Manif

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Comme pour l'ensemble du corps professionnel, l'un des enjeux des syndicats de médecins libéraux est de rajeunir leurs effectifs. Pas toujours facile d'attirer de jeunes praticiens, souvent préoccupés par d'autres sujets au moment de leur installation. Les médecins fraîchement émoulus ont un large choix entre les syndicats existants.

Les organisations de jeunes médecins Reagjir, le SNJMG, ou le syndicat Jeunes Médecins proposent d’accompagner les jeunes dans leur installation et dans leurs premières années d’activité.

Ils peuvent aussi se tourner vers l'un des 4 syndicats seniors représentatifs de la médecine générale (MG FranceUnion Généraliste FMF, les Généralistes CSMF et le SML) ou une autre structure non représentative (l'UFMLS, le Smaer, UC, le SMG...).

Pour être représenté

L'installation est une période charnière où l'expertise d'un syndicat peut s'avérer précieuse. Kevin Tanfeudeu, remplaçant en préparation de thèse, le confirme : « Avec ce statut, on est un peu dans un entre-deux et on manque d’informations ! » Le jeune praticien s’est syndiqué à Reagjir en octobre dernier. « L’adhésion à ce syndicat est la suite de mon engagement précédent au Syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG), explique-t-il. J'ai fait mon choix avec l’idée d’être représenté au niveau national, mais aussi pour les valeurs formatives et informatives de ce syndicat. Il propose aux remplaçants un carnet très bien fait pour les accompagner dans les démarches administratives et aussi des sessions de formations ciblées, qui m'ont paru intéressantes et adaptées. »

Le Dr Florence Lapica, médecin généraliste en cabinet à Lyon depuis 10 ans, a elle adhéré dès le début de son activité à MG France, arrivé en tête dans le collège généraliste des dernières élections professionnelles en octobre 2015 (le syndicat revendique environ 20 % d'adhérents de moins de 40 ans). « Je ne voulais pas rester seule et voulais m'engager pour les enjeux de défense professionnelle des femmes comme le congé de maternité entre autres. » Elle a ensuite pris des responsabilités au sein du syndicat au niveau régional et trouve de l'intérêt à participer aux décisions et l’ouverture professionnelle que lui procure cette fonction. 

Le Syndicat des médecins libéraux (SML), porte également ces valeurs fondamentales de défense des intérêts des praticiens, mais aussi d'information pour connaître et faire valoir ses droits, être informé, rompre l’isolement, se former. A l'heure de la féminisation de la profession, il se targue de laisser une vraie place aux femmes médecins.

Un bon canal d'information

Adhérent au SNJMG depuis 3 ans, le Dr Benoit Blaes, jeune médecin, s’est engagé par conviction : « Ensemble on est plus forts ! Je bénéficie de communiqués de presse, je suis donc bien informé ! Pourquoi ce syndicat ? C’est une histoire de rencontres au cours de mon cursus et j'apprécie sa vision d'investir ensemble patients et praticiens. »

Parmi les motifs devant inciter les jeunes à s'impliquer dans un syndicat, le Dr Jean-Paul Hamon, à la tête de la FMF, souligne aussi « les enjeux de l’exercice, la lutte contre la désertification ». « La jeune génération, médecins généralistes et spécialistes, doit réaliser l’intérêt d’un groupement pluri-catégoriel où la collaboration entre les différentes branches est un atout sûrement pas une concurrence », ajoute le généraliste de Clamart.

Des environnements différents, des cursus variés et des rencontres multiculturelles ont été déclencheurs d’adhésion à un syndicat. « Mes associés ont tous les deux une démarche militante dans des associations professionnelles ; je ne voulais pas être en reste et je ne le regrette pas », complète Florence Lapica ! « J’ai un parcours associatif étudiant qui m’a forgé des convictions : élaborer et participer c’est une logique pour moi », explique pour sa part Benoît Blaes. « J’ai des responsabilités dans une association culturelle depuis longtemps et puis ma mère qui travaille dans le secteur de la santé a toujours adhéré à un syndicat ; si elle ne me sert pas forcément de modèle, être syndiqué, c’est sans doute pour moi comme une bonne habitude », analyse Kevin Tanfeudeu !

Quelques avantages

Le Dr Mickaël Riahi, jeune président de la CSMF 75 souligne la « grande richesse confraternelle » que lui apporte son engagement dans un syndicat qui « réserve une place particulière aux jeunes, les confortant dans l’idée d’être écoutés, de peser sur des décisions de participer et d’agir ».

Même s'ils sont parfois décriés, les syndicats représentent la profession face au ministère de la Santé ou à l'Assurance maladie. Ils défendent la reconnaissance et la valorisation du métier et l'amélioration des conditions d’exercice.

L'adhésion à un syndicat permet souvent de bénéficier d'avantages. Ce peut être des tarifs préférentiels de contrats de groupe pour la couverture responsabilité civile professionnelle ou la protection juridique, par exemple, ou leur faire bénéficier d’avantages négociés avec des partenaires.

Se forger un réseau

Les syndicats peuvent aussi proposer des actions de DPC à leurs adhérents, des sessions pour mieux utiliser la nomenclature, donner des conseils ou des informations relatives à certaines formalités administratives, par exemple.

Certains proposent des outils comme l’aide au montage de projet de cabinet médical ou des carnets d’accompagnement à l’installation. 

L’adhésion à un syndicat n’est pas particulièrement chronophage ni trop coûteuse. Au-delà de l'information qu'elle apporte, elle permet de créer et d’entretenir un réseau entre ses adhérents. Et à certains jeunes médecins de se découvrir une âme militante.

A.C.


Source : lequotidiendumedecin.fr