Maîtrise de stage

De nouvelles règles pour accueillir un interne

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Publié le 30/11/2018
Les généralistes enseignants, en congrès à Tours, ont présenté une nouvelle mouture de la charte des maîtres de stage, réécrite avec les internes. Les MSU ne devront pas réaliser plus de 9 000 actes par an, ni recevoir de visiteurs médicaux en présence des internes, dont le nombre d'actes et de visites en autonomie sera encadré.

En 2012, le Collège et le syndicat national des généralistes enseignants (CNGE et Snemg) avaient posé les bases de la maîtrise de stage ambulatoire. Six ans plus tard, à la demande des étudiants, ils ont planché avec l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) sur une nouvelle mouture de la charte des maîtres de stage universitaires (MSU) dont la version quasi-définitive a été présentée la semaine dernière à Tours au congrès du CNGE.

Pas de visiteurs médicaux avec les internes

« Il était important pour nous de cadrer davantage le stage ambulatoire de 1er niveau et d’insister sur la nécessité d’une phase d’autonomisation progressive », explique Pierre Guillet, premier vice-président de l’Isnar-IMG. Les internes ont également demandé que soient écrits noir sur blanc trois éléments primordiaux : l’encadrement du nombre maximum d’actes, l’indépendance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique et la formation à la pratique de la visite. La charte statue donc que « les MSU s’engagent à ne pas recevoir de représentants de l’industrie pharmaceutique en présence du ou des internes ». Ils sont aussi tenus de participer régulièrement à des actions de formation continue à la maîtrise de stage. Le document propose également de cadrer le nombre d’actes réalisés par le « stagiaire » mais aussi celui du maître de stage. « L’activité du MSU devra se situer préférentiellement entre 2 500 et 7 500 actes par an pratiqués personnellement (…) et ne devra pas dépasser 9 000 », précise la charte. Des dérogations du département de médecine générale sont envisageables pour les généralistes qui ont une activité universitaire importante ou exercent dans une région très déficitaire. « Le but n’est pas de fliquer les MSU mais de s’assurer qu’ils ont une activité compatible avec l’accueil d’internes et leur encadrement », explique le Dr Laurence Compagnon du CNGE.

Gare au remplacement déguisé

La possibilité pour le stagiaire de réaliser des actes en autonomie doit être décidée en concertation avec l’interne, et pour le stage de niveau 1, elle ne doit pas intervenir avant le troisième mois. L’IMG peut être exempté de faire des actes en autonomie s'il n’est pas en capacité de les assurer. Mais la charte suggère malgré tout un nombre d’actes et de visites maximum en autonomie complète ou supervision indirecte pour les stages ambulatoires de la maquette de médecine générale : niveau 1, santé de la femme et de l’enfant, autonomie supervisée (SASPAS) (voir tableau ci-dessous).

15 actes par jour en autonomie en niveau 1, c’est encore trop aux yeux de certains maîtres de stage, mais le Dr Anas Taha, reconduit à la présidence du Snemg, assure que c’est une première étape dans la bonne direction. Par ailleurs, le MSU doit d’après la charte mettre à disposition de l’interne « les moyens nécessaires à la réalisation de la visite ». Libre à chaque binôme de déterminer quels sont ces moyens, selon le terrain de stage et le contexte.

Internes et enseignants veulent faire signer cette convention à chaque MSU, mais cette formalité n’est pas opposable et n’apparaît pas dans les textes réglementaires. « L’objectif est de porter certains éléments, comme le plafonnement des actes et la formation pédagogique continue dans le champ réglementaire », souligne le Dr Taha.

Les généralistes enseignants espèrent que la France comptera rapidement 12 000 maîtres de stage (contre près de 10 000 aujourd’hui). Le président du CNGE, le Pr Vincent Renard, a rappelé qu'il souhaitait un recrutement plus strict des MSU. Il veut limiter l'accès à la maîtrise de stage aux généralistes exclusifs, ayant une « pratique professionnelle étayée scientifiquement » et non cantonnée à la permanence des soins. Excluant donc les homéopathes et les praticiens de SOS Médecins.


Source : lequotidiendumedecin.fr