À Lyon, 83 % des internes dépassent les 48 heures de travail par semaine

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Publié le 27/05/2019
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Crédit photo : S. Toubon

83 % des internes de la subdivision de Lyon travaillent plus de 48 heures hebdomadaires, rapporte le Syndicat autonome des internes des hôpitaux de Lyon (SAIHL) dans une enquête* dont « Le Quotidien » a pris connaissance ce lundi. Des résultats « terrifiants » pour la structure qui appelle en particulier les Hospices civils de Lyon (HCL), où la majorité des internes se forment, à se mettre en conformité avant l'été.

Le respect du temps de travail est un sujet de crispation à l'hôpital, autant chez les praticiens hospitaliers que chez les internes. Depuis 2015, la réglementation européenne prévoit un temps de travail pour les futurs médecins de 10 demi-journées dont huit en stage et deux en formation (universitaire et en autonomie), soit 48 heures hebdomadaires.

À Lyon, 30 % des participants déclarent travailler plus de 60 heures par semaine. Plus précisément, aux HCL, seulement 7 % des internes en stage travaillent moins de 48 heures, 41 % plus de 60 heures et 8 % plus de 72 heures. « Tout le monde le sait depuis longtemps mais les résultats sont tout de même frappants aux HCL, commente Lucas Reynaud, président du SAIHL. La loi nous oblige à passer par le CHU pour faire des stages très tôt dans l'internat, la réalité est que nous sommes seuls et nous faisons tourner des services parfois sans être formés ». Dans les autres centres hospitaliers de la région, le tableau est moins noir mais reste très alarmant : 76 % sont au-delà des 48 heures réglementaires et 14 % au-delà des 60 heures.

Même constat pour les journées de formation. Plus de 60 % des sondés ne peuvent disposer de ce temps théorique pour mener à bien leur projet de thèse, de diplôme universitaire (DU) ou participer à des congrès, etc. Ce chiffre grimpe à 71 % pour les HCL. « On ne peut pas les prendre car il faut s'occuper des patients, on ne peut pas s'absenter des services, on est pris en étau », ajoute Lucas Reynaud.

Également interrogés sur le respect du repos de sécurité, 91 % des internes assurent bénéficier systématiquement de ce temps de pause de 11 heures après une garde. Néanmoins, après une astreinte, seuls 20 % déclarent y avoir accès.

Le badge pour les internes ?

Pour améliorer les conditions de travail, le SAIHL souhaite une vraie mise en place des tableaux de services pour contrôler les horaires des jeunes médecins. Actuellement, ce sont les jeunes qui les remplissent. « Ils sont souvent incomplets, on n'inscrit même pas les journées de formations théoriques. C'est au formateur de faire ces tableaux en amont en y intégrant les temps de formation et de stages », explique Lucas Reynaud. Le syndicat souhaite également que les jeunes badgent au même titre que les personnels hospitaliers afin de quantifier leurs horaires et contrôler le temps de travail journalier. Lucas Reynaud prévient : « Nous souhaitons que les HCL se mettent en conformité avant l'été, dans le cas contraire nous envisageons différents recours juridiques »

L'exemple de Lyon n'est pas isolé. Ces dernières années, les syndicats d'internes et jeunes médecins ont tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises. Les établissements peinent à faire respecter le plafond horaire de 48 heures hebdomadaires. En 2017, une enquête nationale menée par l'ensemble des syndicats de jeunes médecins (ANEMF, ISNI, ISNAR-IMG, Jeunes Médecins) pointait du doigt une surcharge de travail et des horaires à rallonge. Au national, 40 % des internes travaillent entre 48 et 60 heures par semaine, 27 % entre 61 et 80 heures, 5 % exerçant même plus longtemps ! Le non-respect de la réglementation ainsi que la fatigue qui en découle sont également un facteur de risque retrouvé dans l'anxiété et la dépression (28 % des jeunes médecins ont une symptomatologie dépressive contre 10 % du reste des Français. 24 % des carabins et internes ont déjà eu des idées suicidaires). 

Début 2019, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) a aussi révélé dans sa propre enquête que 35,5 % des internes de médecine générale en stage à l'hôpital exercent moins de 48 heures. 

*Enquête réalisée du 21 mars au 10 mai 2019 par mail auprès de 330 internes (département du Rhône, Ain, Drôme, Ardèche, Haute-Savoie), soit 22 % du total des internes lyonnais. 64 % sont inscrits dans une spécialité médicale, 18 % dans une spécialité chirurgicale, 18 % en médecine générale. 


Source : lequotidiendumedecin.fr