Après Bordeaux, c'est la fac de Rennes qui vient de placer le major des dernières épreuves classantes nationales Informatisées (ECNi). À 23 ans, Mathis Jacquet est arrivé – à son grand étonnement – premier du classement devant plus de 9 000 néo-internes. Au lendemain des résultats, son cœur balance entre la médecine générale et le CHU.
LE QUOTIDIEN : Qu’avez-vous ressenti hier au moment des résultats ?
MATHIS JACQUET : Je ne m'y attendais tellement pas ! J’avais dit à ma famille et à mes amis que je n’avais pas réussi et ce n’était pas de la fausse modestie. Il y avait beaucoup de questions auxquelles je n’étais pas préparé. J’ai donc parfois répondu un peu au pif. Du coup, j’ai un peu le sentiment d’avoir tiré le bon résultat du loto !
Tout de même, qu’est-ce qui vous a permis de faire la différence ?
Comme tout le monde, j’ai bossé comme un acharné. De mon côté, j’avais besoin de ma petite routine : bibliothèque universitaire, restaurant universitaire, re-BU, etc. Je prenais aussi tous les jours ma petite dose de sport, l’après-midi. Je fais régulièrement du football dans un petit club familial. C’était la bouffée d’air frais de la semaine qui me permettait de ne pas penser au concours, car mes coéquipiers ne faisaient pas partie du même monde. Et puis, le soir, je faisais des pâtes au pesto avec mon colocataire !
Vous avez donc gardé une vie sociale ces derniers mois ?
Oui, enfin, je n’étais pas non plus au bar tous les soirs… Je voyais de temps en temps mes amis et ma famille qui habite à côté. J’avais aussi à mes côtés mon colocataire de toujours, qui a aussi réussi les ECNi cette année. On se suit depuis la PACES et ça marche très bien comme ça ! Mentalement, on sait que l’autre est là et on se sert les coudes. Ma copine a aussi passé les ECNi. Elle m'a beaucoup aidé cette année. C’était une autre bouffée d’air. Quand je m’endormais le soir, ce n’est pas forcément les infections opportunistes du VIH qui me trottaient dans la tête, mais plutôt ma copine !
Pourquoi la médecine ?
Le métier me plaît, je n’ai pas envie de vendre quelque chose. Je veux apporter quelque chose au patient, et non pas lui extorquer quelque chose ! J’admirais aussi mon médecin généraliste qui a bien voulu me prendre en stage de découverte en troisième. C’était quelqu’un qui savait écouter, qui avait toujours la bonne distance. Il était proche, mais sans trop s’immiscer. Il appartenait à la vie du village, allait au foot avec mon père tous les vendredis soir. J’ai aussi découvert l’hôpital en accompagnant les mamans de mes amis.
Vous allez avoir le choix. Quelles spécialités vous attirent le plus ?
J’aime la médecine générale, le fait d’exercer un peu librement, d’appartenir à une communauté. Mais j’aimerais aussi exercer dans un CHU, il va falloir faire un choix. Le CHU, c’est de la médecine de pointe, c’est extrêmement stimulant intellectuellement.
Durant mes stages à l’hôpital, j’ai rencontré des personnes passionnées par leur métier qui ont gardé une curiosité intacte. J’étais aussi été très impressionné par leur patience. À la 25e consult' de la journée, alors qu’ils avaient deux heures de retard et qu’ils s’étaient fait insulter par toute la salle d’attente, ils restaient stoïques et professionnels.
Quid des conditions de travail et de la rémunération à l’hôpital ?
Le salaire n'entre pas beaucoup en ligne de compte pour moi. Par contre, j’aimerais avoir du temps pour tout ce qui compte en dehors du travail. C’est important pour moi d’avoir une vie en dehors de la médecine.
Que pensez-vous de l’allongement d’un an de l’internat de médecine générale ?
Ce sont des réformes un peu faciles. Cela arrange tous les Français, qu’ils soient de droite ou de gauche, sauf les médecins et les étudiants en médecine qui sont lésés. Le gouvernement espère peut-être que les vocations suffiront à dépasser les difficultés de la démographie mais il est aussi possible que la corde finisse par rompre…
Qu’avez-vous prévu pour cet été ?
Je vais d’abord profiter de la vie, faire la fête ! Mais aussi essayer de me poser les bonnes questions. Je vais faire un stage en maladies infectieuses au CHU de Rennes. C’est aussi quelque chose qui pourrait me plaire.
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