[VIDEO] « Toutes les internes interrogées dans notre thèse ont subi du sexisme »

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Publié le 30/11/2019

Comment le sexisme impacte la construction de l’identité professionnelle des femmes généralistes ? C’est tout l’objet de la thèse de fin d’études de Fanny Rinaldo et Fauve Salloum, toutes deux internes de médecine générale à Strasbourg. Dans le cadre du 19e Congrès du Collège national des Généralistes enseignants (CNGE), du 27 au 29 novembre, à Nantes, elles ont présenté leur travail « Description du sexisme rencontré par les femmes internes en médecine générale et impact sur la construction de leur identité professionnelle ». Elles se sont appuyées sur une étude qualitative menée à travers 16 entretiens avec des internes de médecine générale.

[VIDEO] Toutes les internes interrogées décrivent des situations de sexisme, sans forcément l’identifier comme tel

Dans les entretiens, les IMG décrivent de la part de leurs supérieurs hiérarchiques masculins des manifestations de sexisme allant du paternalisme « Tu es appelée ma puce, ma belle », à l’humiliation ou les gestes déplacés « Toi, tu es moche, je ne te parle pas », « Il me regarde et il me donne une fessée dans le couloir », en passant par une remise en question des compétences « J'avais un dossier en main, il l’a regardé, il l’a pris, il m’a dit - non, non, non, (…) va voir plutôt la pédiatrie ».

De la part des patients, le sexisme décrit se manifeste par une minimisation de la position sociale. Souvent, l’interne est prise pour l’infirmière, la séduction et la réification, de la violence verbale et physique mais aussi de l’exhibitionnisme et des agressions sexuelles. Le sexisme de la part d’autres femmes médecins s’incarne principalement à travers des remarques négatives sur la maternité d’autres femmes médecins ou vis-à-vis des patients.

 [VIDEO] Un sexisme lié à d’autres violences intriquées

Toutes ces violences ont une répercussion sur la construction de l’identité professionnelle des femmes médecins et se perpétuent à cause des difficultés liées à l’identification du sexisme mais aussi à une prise de parole compliquée : de par leur position hiérarchique mais aussi en tant que femme : quand elles parlent, elles peuvent être qualifiées de « belliqueuses », d’ « hystériques ». La culture d’une « élévation par la souffrance », joue aussi dans la perpétuation de ces violences

Face au constat dressé par leur thèse, Fanny Rinaldo et Fauve Salloum proposent plusieurs mesures à mettre en place pour faire bouger les choses.

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À la fin de leur présentation, le Collège régional des généralistes enseignants d’Alsace (CRGEA), « fier » du travail des deux étudiantes, leur a remis un prix de thèse.

À la fin des trois jours de Congrès, elles ont également reçu le prix de la meilleure communication orale de cette édition 2019.


Source : lequotidiendumedecin.fr