Peu d'accès aux formations complémentaires : les internes dénoncent le blocage délibéré des enseignants

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Publié le 09/05/2019
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Crédit photo : mohamed_hassan / Pixabay

Créées par la réforme du troisième cycle, les formations spécialisées transversales (FST) seront ouvertes pour la première promotion issue de la réforme en novembre 2019. Accessibles pendant et à la fin de l’internat, ces formations complémentaires prolongent la maquette d’un an et permettent d’acquérir une compétence spécifique dans un champ précis. 24 FST ont été créés par l’arrêté de novembre 2017 et début juin, un nouveau décret doit fixer le nombre de places ouvertes dans chaque FST et pour chaque subdivision. Mais à quelques semaines de la publication de ce texte, les choses sont loin d’être réglées dans de nombreuses villes.

Aucune remontée dans certaines régions

La semaine dernière avait lieu le Conseil d’Orientation de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) afin de définir les postes à ouvrir à partir de novembre prochain. Un enseignant référent dit pilote par FST et par subdivision est chargé d'organiser la formation. « Nous avons eu la surprise de constater que de nombreux pilotes de FST n’ont pas fait leur travail et n’ont pas fait remonter leur capacité de formation, cadrant le nombre d’internes pouvant être formés », dénonce l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). En l’état, les internes de certaines subdivisions ne pourront pas bénéficier de FST. »

Blocage volontaire et involontaire

Les blocages pour la mise en place de ces FST sont de natures diverses, selon les internes. « C’est vrai qu’il y a des difficultés à mettre en place ces FST car dans certaines facultés, d’autres diplômes (DESC, DU) sont proposés dans des champs similaires, ce qui entraîne parfois une confusion », explique Pieter Prats, porte-parole de l’Isnar-IMG. Mais certains blocages sont aussi délibérés, poursuit l'interne. « Certains enseignants en médecine générale ne souhaitent pas la mise en place de ces FST, car ils considèrent qu’elles incitent les internes à vouloir faire autre chose que de la médecine générale », souligne-t-il.

Or, le syndicat rappelle que contrairement aux diplômes d'études spécialisées complémentaires (DESC), les FST ne sont pas qualifiantes mais permettent simplement d’acquérir des compétences supplémentaires. « Il y a de la désinformation dans certaines subdivisions », assure Pieter Prats.

6 FST à privilégier en médecine générale

Pour les internes de médecine générale, 6 FST sont étiquetés comme « d’intérêt » pour la discipline et donc accessibles plus facilement : l’addictologie, la prise en charge de la douleur, la médecine du sport, la médecine scolaire, expertise médicale et préjudice corporel et les soins palliatifs. Les 18 sont théoriquement accessibles aussi aux IMG mais doivent être justifiées par un projet professionnel solide. Les candidats aux FST dans chaque subdivision doivent constituer un dossier présentant leur projet professionnel qui sera étudié par une commission composée du coordonnateur de DES de médecine générale, du pilote de la FST et de deux représentants étudiants. « Nous avons fait un sondage auprès des IMG pour savoir quelles FST les intéressaient et ce sont essentiellement les 6 FST d’intérêt qui ressortent », explique Pieter Prats. Pour les FST qui commenceront en novembre, les internes ont théoriquement jusqu’à fin juin pour constituer leur dossier. Au cours de leur troisième cycle, les futurs médecins peuvent faire deux demandes de FST, à la suite de leur quatrième et de leurs sixième semestres.

L’Isnar-IMG espère en tout cas que la situation s’améliorera avant la publication de l’arrêté début juin. « Les possibilités de formations offertes aux internes sont réduites à néant par défaut de compétence et d’engagement de la part de leurs enseignants », conclut l’Intersyndicale.


Source : lequotidiendumedecin.fr