« Conventionner les remplaçants : un partenariat gagnant-gagnant » était le thème de la table ronde du jeudi 3 juin organisée à l'occasion des 9e rencontres nationales ReAGJIR qui ont lieu cette année à Orléans.
Autour de la table ? Le Dr Laure Dominjon, médecin remplaçante et présidente du syndicat ReAGJIR, le Dr Elisabeth Gormand du Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM) et Julie Pougheon, adjointe de direction de l'accès aux soins à l'Assurance maladie (CNAM), pour aborder ensemble le sujet sensible du conventionnement des remplaçants, un combat de longue date du syndicat ReAGJIR.
Pas d'identification, pas de rémunérations directes...
« Cela fait des années que nous portons ce projet pour autant la signature de la convention ne semble toujours pas d’actualité », déplore le Dr Caroline Monteragioni, médecin généraliste remplaçante et membre du syndicat ReAGJIR.
Pourtant, « lorsque nous remplaçons un médecin en congé, nous respectons la convention médicale... Nous avons les inconvénients de la convention mais ne profitons pas des avantages [...] », rétorque à son tour le Dr Laure Dominjon, présidente du syndicat ReAGJIR.
Pas de « rémunérations directes », pas de « rémunérations forfaitaires » (ROSP...), pas « d'accès à Améli pro », pas « d'avantages maternité et paternité » et des difficultés « pour obtenir les informations » auprès de l'Assurance maladie, les inconvénients du non-conventionnement des médecins remplaçants sont nombreux selon la présidente du syndicat Laure Dominjon.
Une force de frappe essentielle pendant la crise sanitaire
Pourtant les médecins remplaçants sont bel et bien des médecins « à part entière » et ont montré depuis le début de la crise sanitaire qu'ils étaient là pour « renforcer l'offre de soins », estime le Dr Laure Dominjon lors de cette table ronde.
Julie Pougeon, représentante de l'Assurance maladie, a reconnu que les médecins remplaçants avaient constitué une « force de frappe essentielle » pendant la crise sanitaire. « Aujourd'hui, ils représenteraient 20 % des intervenants dans les centres de vaccination* » a-t-elle souligné.
Paradoxalement, ils ont subi de plein fouet les conséquences de celle-ci, estime le Dr Caroline Monteragioni :
« Au mois d'avril 2020 (en pleine crise sanitaire), les médecins remplaçants ont enregistré une perte d'activité de 64 %. Selon une étude réalisée par REaGJIr, 68 % des remplaçants ont vu au moins un de leur remplacement annulé depuis la crise covid. »
Pour autant, l'Assurance maladie ne compte pas changer sa position sur le conventionnement : « C'est dans l'intérêt collectif que des médecins s'installent. Il faut donc qu'il reste des incitations à l'installation. Aujourd'hui un certain nombre davantage sont déjà accessibles aux remplaçants », assure Julie Pougheon.
Selon elle, de nombreux freins techniques rendraient aussi le conventionnement des remplaçants complexe prenant notamment l'exemple du calcul des rémunérations forfaitaires :
« Si l'Assurance maladie était amenée à conventionner les remplaçants, on ne saurait pas définir dans quelle mesure on pourrait appliquer et partager les rémunérations forfaitaires comme la ROSP, entre le médecin installé et le remplaçant .»
Mais selon le Dr Laure Dominjon, les avantages du conventionnement des remplaçants seraient nombreux pour l'ensemble des parties prenantes :
« Cela permettrait aux ARS d'identifier plus facilement les médecins remplaçants notamment pour les mobiliser lors de crises sanitaires. Cela permettrait également d'avoir une visibilité pour construire des pôles de soins en fonction des besoins territoriaux », souligne-t-elle.
Un manque de remplaçants ?
Si aucune étude quantitative n'a été réalisée à ce jour pour comptabiliser le nombre de remplaçants en France, ils représenteraient « 10 % de la population des médecins » estime Julie Pougeon de la CNAM.
« Nous n'avons pas eu d'alerte majeure de la part des représentations syndicales sur un accroissement de la difficulté pour les médecins installés à trouver des remplaçants », assure-t-elle.
Mais pour le Dr Laure Dominjon, leur nombre est surévalué voire « fantasmé » par le gouvernement et l'Assurance maladie. Comme en témoignent certains médecins généralistes installés et présents lors de cette table ronde. Il s'avère, dans certains territoires, de plus en plus difficile de trouver des remplacements :
« Je suis à 25 km de la fac et c'est parfois très compliqué de trouver des médecins remplaçants. Le pire c'est que certains médecins ne cherchent même plus car ils savent qu'ils n'en trouveront pas », assure le Dr Alice Perrin.
Elle poursuit : « Il est nécéssaire que les syndicats seniors, la CNAM et ReAGJIR » discutent ensemble pour aborder le conventionnement des remplaçants, c'est « essentiel » ajoute-t-elle.
Vers une évolution du statut de remplaçant ?
Lors de cette table ronde, le Dr Élisabeth Gormand, représentante du CNOM, a quant à elle évoqué des pistes de réflexions pour reconsidérer le statut de médecins remplaçants.
« On remarque que l'on évolue vers des équipes mobiles de médecins et c'est peut-être comme ça qu'on va pouvoir faire évoluer le statut de médecin remplaçant. Il faut considérer ceci comme une évolution de la profession », conclut-elle.
*Basé sur le décompte des rémunérations de la CNAM des professionnels non conventionnés).
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