L’été, c’est toujours la même histoire. Pour leurs congés estivaux, les médecins généralistes installés peinent à trouver un remplaçant pour assurer la continuité des soins ambulatoires. Mais cette année, certains d’entre eux soutiennent que les remplaçants préféreraient les centres de vaccination aux cabinets.
Putain sur rmc le remplaçant qui assume de bosser cet été en centre de vaccination car on réfléchit moins et on gagne plus… merci à ceux qui ont accepter des honoraires de merde… bravo pic.twitter.com/DUnDrgH8KG
— Dijon Fourchette et Stethoscope #180deQI (@DStetho) June 22, 2021
J’avais envie de créer une petite shitstorm : les remplaçants pour venir nous chercher et faire des contrats pour le centre de vaccinations et toucher les 5,4 euros y a du monde par contre nous dépanner 1 jour parce qu’on est malade ainsi que toute la maisonnée y a pu personne.
— mon caillou dans la chaussure (@mon_caillou) June 22, 2021
Sur le site de remplacement local beaucoup de MG cherchent encore des remplaçants pour l'été sans trouver ce qui est inhabituel.
— Le Druide (@panarmorix) June 22, 2021
Je me suis dit que les centres de vaccinations devaient être un élément de difficulté à trouver des remplaçants.
C'est peut être une des raisons oui. https://t.co/gAMnviONmJ
C’est en réponse à ces invectives et au reportage télévisé de RMC prédisant une pénurie de médecins cet été que ReAGJIR, le syndicat représentatif des jeunes généralistes (remplaçants, installés depuis moins de cinq ans et universitaires), a souhaité, dans un communiqué publié aujourd'hui, rectifier les on-dit et rappeler le rôle des remplaçants dans la crise sanitaire.
Le manque de remplaçants ne date pas d’hier, comme l’avait rappelé le Dr Mathilde Chouquet, vice-présidente remplaçants de ReAGJIR, lors des dernières Rencontres Nationales du syndicat du 4 juin dernier. « Certains généralistes installés présents ont exprimé leurs difficultés récurrentes à trouver des remplaçants, que ce soit pour leurs congés d’été, leurs arrêts maladie ou leurs journées de formation. Dans les faits, ce n’est pas par mauvaise volonté des remplaçants, mais plutôt parce que le manque de médecins est global, et cela ne va pas en s’arrangeant. » Pour l'illustrer, le syndicat cite l’étude Remplact 3 menée en 2016 pour avancer que les remplaçants « participent pour 2/3 des répondants à la PDSA, assurant la continuité des soins. » Ces derniers « remplacent en moyenne six médecins sur l’année ».
Les vacations en centre de vaccination
ReAGJIR rappelle qu’il a dû, pour les remplaçants, « interpeller la Caisse nationale d’Assurance maladie et le Ministère pour qu’ils bénéficient d’une rémunération équivalente à celle des installés pour le même travail » lors de la crise sanitaire. Le syndicat de jeunes généralistes ne cache pas les avantages présentés par les vacations en centre de vaccination : « horaires fixes, rémunération attractive, charge mentale moindre par rapport à des consultations classiques ».
Aussi, ces vacations « peuvent parfois représenter pour les remplaçants une sécurité financière après les nombreux remplacements annulés pendant la crise ». De plus, « beaucoup ont rogné sur leur temps libre ou leurs week-ends pour organiser la vaccination à leur cabinet ou vacciner dans des centres. Il était donc absolument indispensable que les remplaçants se positionnent à ce poste-clé, souvent en plus de leur activité habituelle, afin de permettre l’essor et le bon déroulement de cette campagne de vaccination, qui est une des priorités majeures pour espérer sortir de la crise actuelle », explique le Dr Agathe Lechevalier, présidente du syndicat.
Mais, détaille le communiqué « les difficultés actuelles des médecins installés ne sont pas le fait de remplaçants "mercenaires", à la recherche d’un profit facile. La réalité est toute autre, puisque beaucoup de remplaçants vont assurer cet été les remplacements de congés en plus de vacations en centre de vaccination. Et, malgré beaucoup de bonne volonté, il sera impossible pour eux de pallier totalement le manque global de médecins, résultat de politiques publiques anciennes. ReAGJIR continuera de le marteler : le remplaçant est un acteur à part entière du système de santé, et il ne peut pas être le bouc émissaire des problèmes de continuité et d’accès aux soins. » Voici chose dite.
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