Les vœux du Président aux acteurs de la santé ont mis en colère une grande partie des acteurs de santé de ville. Mais une partie d’entre eux y voit quand même des motifs de satisfaction dans les messages véhiculés.
Lors de leurs vœux à la presse, les acteurs des centres de santé ont retenu notamment dans le discours d'Emmanuel Macron : la médecine qui va s’individualiser et se personnaliser, la rémunération de la collaboration ville-hôpital ou encore la sortie d’un financement à l’acte pas seulement pour l’hôpital.
« Cette nouvelle orientation nous va bien », a souligné le Dr Alain Beaupin, président de l’Institut Jean-François Rey (IJFR). Le dépassement du paiement à l’acte fait d’ailleurs partie des recommandations des centres de santé pour cette nouvelle année. Mais sur ce point, au-delà des belles paroles, ils attendent désormais une vraie concrétisation, notamment au travers des expérimentations Peps et Ipep sur la rémunération.
« C’est le moment de les transposer dans le droit commun. On craint qu’au moment de décider, les choses ne se fassent pas, une fois de plus », avance le Dr Beaupin.
Permettre le choix de la capitation
« La rémunération à l’acte ne permet pas de prendre en charge les patients chroniques », ajoute le Dr Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS).
Elle considère que la rémunération à l’acte ne prend pas en compte la charge des patients chroniques multimorbides et que la seule porte de sortie est la rémunération à la capitation. « Peut-être faut-il une rémunération mixte mais il faut que la capitation soit plus importante qu’aujourd’hui et puisse être choisie par les professionnels », plaide-t-elle. Aujourd’hui en France, elle est toujours testée à titre expérimental « on perd du temps, alors qu’avec l’expérience des autres pays on en connaît bien les pièges etc (…) mais probablement qu’il fallait en passer par là pour éviter une mauvaise acceptation par les professionnels de santé », appuie-t-elle.
Pour les acteurs des centres de santé, c’est une question de volonté politique. Alors que dans la prochaine convention, les pouvoirs publics s’apprêtent probablement à augmenter l’acte. « Avec cette somme-là on peut aussi créer beaucoup de centres de santé », souligne le Dr Frédéric Villebrun, président de l’Union syndicale des médecins des centres de santé (USMCS).
Rééquilibrer entre libéral et centres de santé
Car une nouvelle fois et face à la crise démographique, le président de l’USMCS et ses collègues demandent aux pouvoirs publics d’ « oser les centres de santé » et d’enfin créer un service public territorial de santé qui s’appuierait sur un maillage du territoire en centres de santé.
« Les centres de santé à vocation de service public ne coûtent pas plus cher que tout ce qui est financé actuellement pour le secteur libéral en créant des murs, en finançant des aides à l’installation, des assistants médicaux… », estime le Dr Villebrun.
Ce dernier remarque actuellement « une réelle dissociation » entre les aides au secteur libéral et celles aux centres de santé. Il appelle donc à « rétablir l’équilibre ».
« Nous aurons simplement un système qui fonctionne sur ses deux jambes. Nous voulons un service public en ville comme il y a un secteur libéral. Ce n’est pas insurmontable financièrement », appuie-t-il.
Le généraliste de Champigny-sur-Marne rappelle aussi l’Etat à ses responsabilités. « La santé est une compétence de l’Etat, lorsqu’il y a un désert médical et qu’il ne fait rien il est pris en défaut. Aujourd’hui il se repose sur le libéral privé, il doit prendre les choses en main et créer un service public pour remédier au manque d’exercice ambulatoire. »
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