La 23e université d’été de la CSMF s'est ouverte vendredi. Réunis sur la Presqu’île de Giens (83), plus de 150 confédérés ont écouté l’allocution de leur président Jean-Paul Ortiz, qui après avoir rendu hommage aux confrères et consœurs touchés par l’ouragan Irma dans les Antilles, a rappelé la nécessité de réfléchir ces trois jours au futur du système de santé. Et c’est en adressant son discours à la ministre de la Santé Agnès Buzyn que Jean-Paul Ortiz a mis en avant son souhait de rétablir la confiance entre le gouvernement et les médecins libéraux. « Nous venons de vivre un quinquennat durant lequel les relations avec le ministère de la santé se sont rapidement dégradées pour devenir très difficile », rappelle-t-il. Et d’ajouter que la nomination d’Agnès Buzyn, « médecin brillant, connue pour son sens du dialogue et de l’écoute, au-delà de son intelligence remarquable, peut permettre aux médecins libéraux de retrouver la confiance dans leurs interlocuteurs et de s’engager résolument dans les réformes nécessaires ». Le président de la CSMF a ainsi commenté pendant près d'une heure les premiers pas du gouvernement Macron et réaffirmé ses vœux pour la santé dans le quinquennat à venir.
Sur le TPG tout d’abord, après les hésitations sur les termes « généralisé » ou « généralisable », la CSMF affirme que les médecins pourraient s’en servir « plus largement » s’il est « simple techniquement, garantissant aux médecins un paiement facile et immédiat », et à « condition expresse qu’il soit facultatif ». Autre sujet de l’actualité qui préoccupe les médecins, la compensation de la hausse de la CSG, sur laquelle le syndicat s’était déjà exprimé cette semaine. L’Ondam 2018 sera aussi surveillé de près par la CSMF, qui demande une répartition plus avantageuse pour la médecine de ville pour « accompagner ses restructurations ». Sur la prévention, annoncée comme priorité par la ministre de la Santé, Jean-Paul Ortiz affirme que « les médecins libéraux sont prêts à y prendre toute leur place mais doivent être reconnus pour cette mission de façon claire ».
Réformer les études médicales
En deuxième partie d’allocution, le président de la CSMF a longuement parlé de la nécessité de repenser la formation des futurs médecins. Tout d’abord en PACES, qui devrait se faire « par une présélection. « On arrive à tout juste 23% de succès. Il est temps de repenser complètement cette organisation », analyse Jean-Paul Ortiz. Sur le deuxième cycle, le syndicat demande une ouverture vers le libéral, en renforçant les stages dans les cabinets de médecine générale. Enfin, il faut, selon lui, « repenser les ECN » et que les stages de 3e cycle deviennent des stages « dans toutes les modalités d’exercice : hospitalière, tant publique que privée, et cabinet libéral ».
Sur les jeunes toujours, et alors que le plan sur les déserts médicaux devrait être dévoilé par Agnès Buzyn en octobre, le président de la CSMF assure que « tout doit être fait pour favoriser leur installation. Il cite pêle-mêle : « indemniser les stages pendant la formation, accueillir et loger les étudiants en médecine dans les zones sous-denses » ou encore « accompagner l’installation des jeunes médecins et de sa famille ».
Un statut unique pour tous les médecins
Les modalités d'exercice étaient elles aussi au programme des revendications de Jean-Paul Ortiz. Sur la rémunération, le néphrologue de Perpignan, s'il reste "attaché à un paiement à l'acte prépondérant", confirme que le système doit évoluer : "l'acte de consultation ne peut rester à un tarif unique", affirme-t-il. Et préconise d'aller "vers des niveaux de consultation hiérarchisés (...) prenant mieux en compte l'activité médicale aujourd'hui diversifiée". La CSMF a également rappelé son attachement à la création d'un "statut unique du médecin, partagé par tous les secteurs dont la base serait commune à tous les secteurs d'exercice". Une part variable en fonction des activités de chacun y serait ajoutée. Pour le syndicat, ce statut unique permettrait à la fois d'ouvrir des possibilités d'évolution de carrière mais aussi de mettre fin "aux relations difficiles entre la ville et l'hôpital".
Invitée à inaugurer la deuxième journée de congrès, Cécile Courrèges, directrice générale de l'offre de soins (DGOS) au ministère de la Santé a tenté de rassurer l'auditoire de médecins : "Je suis ici pour vous rappeler que la DGOS est la direction générale de l'offre de soins mais pas de l'hospitalisation". Elle a également insisté sur les chantiers qui attendent le gouvernement dans la santé, : "le virage ambulatoire ne se fera pas sans coordination des soins", martèle la patronne de la DGOS. Pour cela, Cécile Courrèges affirme qu'il faudra "travailler avec les acteurs locaux pour identifier les besoins de chaque territoire et être à l'écoute des professionnels" et non imposer à tous des idées ascendantes qui émaneraient seulement du ministère. Une annonce saluée par Jean-Paul Ortiz.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre