Accès aux soins

Les dix propositions de la CSMF pour la présidentielle

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Publié le 13/01/2022
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Lors de ses vœux 2022, le président de la CSMF a développé sa vision des enjeux à venir. Dr Jean-Paul Ortiz a élaboré dix propositions pour l’élection présidentielle, autour d'une thématique phare selon lui : l'accès aux soins.

Crédit photo : GARO/PHANIE

« Je vous souhaite pour 2022 une santé optimale, des bonheurs quotidiens et surtout une vie sociale normalisée, qui nous permettra de nous retrouver dans la convivialité ». Il s’agit ce jeudi 13 janvier des derniers vœux du Dr Jean-Paul Ortiz à la tête de la CSMF. Ce dernier ne se représentera aux prochaines élections du syndicat, au mois de mars prochain. Après deux mandats et huit ans de bons et loyaux services, le néphrologue « passe la main, avec regret », mais précise-t-il, sourire en coin, restera « actif dans le monde de la santé ».

Ces vœux de début d'année sont surtout l'occasion de présenter dix propositions de son syndicat sur l’accès aux soins, qui sera, selon lui, le grand enjeu de l’élection présidentielle. Lesquelles interviennent le jour même de la diffusion de l’émission phare de France 2, Cash investigation, ayant agacé la profession sur ce sujet. Pour lui, signer la fin de la liberté d’installation « ne résoudra rien ». Avant d’ironiser : « il n’y a pas de solution miracle », puis de détailler ses mesures à court et à long terme.

Plus de stages en ville !

Pour commencer, Dr Ortiz souhaite une formation ouverte sur l’exercice libéral. Même si aujourd’hui 10 000 étudiants sont en deuxième année de médecine, contre 3 000 en 1995, les besoins ont changé. « La population française a largement augmenté, vieilli et elle est atteinte de multiples pathologiques chroniques lors du grand âge ». Une réorganisation du système de soins et du nombre de médecins est donc nécessaire selon lui. Aussi, des stages à l’extérieur de l’hôpital, dès le deuxième cycle, doivent être proposés ; ainsi qu’une alternance entre la ville et l’hôpital lors du troisième cycle. Cela passe par un soutien financier aux maîtres de stage, des aides au logement, des internats ruraux etc.

La deuxième proposition du syndicat est de maintenir et développer les incitations à l’installation, ainsi que de les simplifier et les regrouper. Le Dr Ortiz attend l’investissement des collectivités locales, qui devront veiller à « ne pas créer de surenchère entre les territoires ».

Oui à l’exercice regroupé !

Autre idée soutenue par la formation : favoriser et accompagner l’exercice regroupé sous toutes ses formes. Puisque l’exercice a changé, « les jeunes générations veulent une vie professionnelle et une vie personnelle », il faut selon le néphrologue « favoriser l'émergence des équipes de soins primaires, des équipes de soins spécialisés, et ce, dès maintenant » et « simplifier et soutenir le regroupement d’exercice professionnel sous toutes ses formes : cabinet de groupe, centre médical, MSP, cabinet multi spécialistes… »

Le praticien propose également de soutenir l’exercice multi sites, en défrayant les médecins qui exercent à une dizaine de kilomètres de leur cabinet et mettre à leur disposition des locaux, où ils pourraient se rendre, une à deux fois par mois. Leurs honoraires seraient majorés « à 30 %, comme c’est le cas dans d’autres pays ». À l'image de l'expérience du cabinet éphémère de Pontarlier, créé en 2017.

« Le médecin aujourd’hui, ne peut continuer à exercer seul ». Alors, pour la CSMF, il faut renforcer l’environnement professionnel du médecin, de manière « à le décharger de tâches qui peuvent être effectuées par d’autres » et se concentrer sur son expertise. Assouplissement du système d’assistant médical (un par médecin dans les zones sous-denses, sans conditions), infirmiers de pratique avancée travaillant par délégation de tâches sous la responsabilité des médecins, « mais ayant une autonomie après l'orientation par le médecin dans le cadre d’un parcours de soins coordonné et protocolisé » sont des solutions, pour le syndicat, à mettre en place au plus vite.

Se coordonner au niveau territorial

Autre proposition : rendre le métier de médecin libéral attractif et c’est, à en croire le président de la CSMF, « l’enjeu de la prochaine discussion conventionnelle ». Considérant le prisme hospitalo-centré de l’exécutif, il interroge : le futur président « va-t-il recentrer le système de santé sur la médecine de ville, générale et spécialisée ? » Un « investissement massif » serait nécessaire « pour ne pas voir perdurer ce problème d’accès aux soins dans les territoires », précise-t-il.

Septième idée pour l’avenir : structurer un parcours de soins coordonné. Le Dr Ortiz affirme que « la coordination doit être le maître mot de l'organisation de ces parcours de soins de façon à favoriser le suivi des patients chroniques et améliorer la qualité et la pertinence des soins ». Et ce, dans le cadre d’une organisation territoriale, avance-t-il.

Revaloriser la téléexpertise

« Tout cela ne peut se concevoir que si le médecin voit ses consultations être cotées et valorisées de façon différente », selon le patron de la CSMF. Ainsi, il propose la valorisation de l’expertise de la consultation médicale, car avec les délégations de tâches, les consultations « devenues plus longues doivent être hiérarchisées et revalorisées car elles seront moins nombreuses », ajoute-t-il.

Avant dernière proposition : développer le numérique en santé. Et plus précisément « mettre fin au plus vite à la fracture numérique ». Pourquoi pas « la téléconsultation avec assistance d’une infirmière libérale dans les territoires éloignés ». La téléexpertise devrait selon Dr Ortiz être revalorisée, elle aussi.

Enfin, la dixième et ultime proposition de la CSMF concerne le soutien du cumul emploi retraite, lequel permet une réponse rapide à la démographie médicale (même si elle n’est pas durable). « Défiscalisation, allégement des charges, suppression des cotisations retraite ou obtention de droits en fonction des situations »… Toute incitation paraît la bienvenue pour le syndicat.

Les yeux rivés vers la prochaine convention

Au cours de son intervention, le néphrologue a également évoqué la future convention médicale de 2023, indiquant que plusieurs « réunions préparatoires auront lieu de mars à juin 2022 », souhaitant que l’un des axes soit l’innovation et la cotation des actes lourds pour « une meilleure reconnaissance de l’expertise médicale ».


Source : lequotidiendumedecin.fr