Convention : « Cette affaire est mal partie », alerte le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S

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Publié le 07/05/2024
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L’UFML-S devait arrêter ce mardi soir sa stratégie au regard des négociations conventionnelles. Concernant la grève des cliniques annoncée à partir du 3 juin, le généraliste prédit un mouvement « très dur », auquel il s’associera.

Crédit photo : ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Retourner négocier ou claquer la porte ? À l’Union française pour une médecine libre Syndicat (UFML-S), la décision sera prise ce mardi soir au cours d’un conseil d’administration. Sans préjuger de la stratégie adoptée, le chef de file du syndicat confie au Quotidien que l’affaire est « mal partie ». Le syndicat n’apprécie pas la méthode – une séance de clôture et un accord à trouver « dans les 48 heures » à compter du 16 mai.

LE QUOTIDIEN : Une séance de clôture des négociations est programmée le 16 mai. Quel est l’état d’esprit de vos troupes ?

Dr JÉRÔME MARTY : Je pense que cette affaire est mal partie. Nous avons bien reçu ce mardi matin un mail de la Cnam nous confirmant la tenue d’une réunion conventionnelle, à partir du 16 mai, à 9 h 30. L’Assurance-maladie y précise que cette dernière séance pourra se prolonger dans la soirée, voire, même jusqu’au lendemain, si cela était nécessaire ! Ils sont droits dans leurs bottes sur l’objectif d’une négociation finale. Or, depuis le début, nous disons que nous n’avons pas à nous adapter au calendrier électoral du gouvernement. Ce sont deux choses séparées.
Par ailleurs, la colère des médecins demeure intacte. Je rappelle que nous avons recueilli à ce jour plus de 5 000 lettres d’intention de déconventionnement collectif !

Parmi les prérequis à votre retour aux négociations, vous aviez demandé à la Cnam de disposer de l’ébauche du texte finalisé qui sera discuté. L’avez-vous reçu ?

À ce jour, toujours pas. Nous demandons, sinon le texte en entier, du moins les meilleures feuilles. On ne peut accepter de recevoir ces documents la veille ou le jour même de la réunion. La Cnam semble renouer avec ses mauvaises habitudes.
Sur le fond du texte, je souligne que les 30 euros ne sont en rien une augmentation tarifaire mais un rattrapage. Pendant des années, on a volé – et je pèse mes mots – la profession médicale en faisant des économies sur son dos.

Voyez-vous dans cette reprise à marche forcée des négos une manœuvre pour diviser les syndicats face au mouvement de grève des cliniques annoncé à compter du 3 juin ?

Ce mouvement de grève des cliniques, les pouvoirs publics vont le prendre dans les dents. On va vers un mouvement extrêmement dur. On sait que le président de la République ne veut pas de mouvements sociaux la première semaine de juin, à l’aube des élections européennes.

À partir de là, tout laisse à croire qu’il pourrait possiblement y avoir un règlement sur la question de l’enveloppe tarifaire des cliniques, entre le 15 mai et le 3 juin. On verra bien. En tout cas, je ne saurais trop conseiller au ministre de la Santé de lâcher du lest. De négocier et de négocier vite. Il ne mesure pas l’importance de la mobilisation.

Si les syndicats de spécialistes retournent à la table des négociations, voire signent un accord, n’est-ce pas abandonner les établissements privés en rase campagne ?

Mais va-t-on vraiment reprendre le chemin des négociations ? Si on n’a pas le texte suffisamment en amont, l’UFML n’ira pas. Avenir Spé, syndicat majoritaire chez les spécialistes, est sur la même ligne. Et si la Cnam n’a pas Avenir Spé, il n’y aura pas de convention. C’est aussi simple que ça.

De plus, MG France a sorti hier un communiqué cinglant, ouvrant la possibilité qu’il n’y ait pas de signature de leur part. Les choses sont relativement mal engagées. Qui est capable aujourd’hui de citer un syndicat – à part peut-être la CSMF – qui serait prêt, en l’état, à donner sa signature ? Mais au-delà de cette petite cette pique amicale, on n’a jamais été dans une période aussi critique pour notre système sanitaire. C’est pour cela qu’on ne peut se satisfaire d’un calendrier qui imposerait une signature sous 48 heures.

Propos recueillis par François Petty

Source : lequotidiendumedecin.fr