Une récente étude de l’INSEE faisait état d’une croissance de 2,4 % des revenus des généralistes entre 2005 et 2011. Le BNC moyen d’un médecin de famille installé en libéral depuis moins de cinq ans se situerait aux alentours de 69 900 euros par an contre 82 000 euros environ (soit 6 833 euros net par mois) pour l’ensemble des généralistes tous âges confondus.
Cette différence de revenu entre jeunes et moins jeunes s'explique évidemment par la nécessité pour le jeune praticien de se constituer une patientèle. Ce retard serait comblé en dix à quinze ans d’exercice. La féminisation de la profession (53 %) a également des répercussions en termes de temps de travail et donc de rémunération chez les jeunes. Les femmes médecins auraient un volume d’activité inférieur de 25 % par rapport à leurs confrères masculins, souligne l'INSEE.
Des revenus disparates
L'augmentation du tarif de la consultation du généraliste de 23 à 25 euros intervenue en mai 2017 n'atténue pas les disparités de revenus des omnipraticiens liées à l’âge mais aussi au lieu d’implantation. La rémunération du jeune généraliste dépend en effet très largement de son mode et de son lieu d’exercice. Un médecin travaillant en libéral dans une grande ville n’aura pas le même revenu que son confrère installé en plein désert médical, qu’il exerce en cabinet, en maison de santé pluridisciplinaire ou dans un EHPAD par exemple. La densité de généralistes par habitant a un impact conséquent sur le revenu du jeune installé.
Plus il aura de confrères à proximité de son cabinet, moins son revenu sera élevé. Ainsi, dans les zones rurales à faible niveau de vie, le généraliste gagnera plus que s’il est installé dans une grande ville où l’offre est abondante. Quoi qu’il en soit, mieux vaut s’installer en secteur I. 90 % des généralistes libéraux sont conventionnés en secteur I, 9 % exercent en secteur II et 1 % sont non conventionnés (secteur III). Contre toute attente, les généralistes à tarifs opposables gagnent le mieux leur vie.
Une diversification des revenus
Environ 59 % des omnipraticiens exercent en libéral, 35 % en mode salarié (établissements sanitaires, soins de suite…) et 6 % ont un mode d’exercice mixte (EHPAD, centre médico-sociaux). 87,7 % de la rémunération du médecin généraliste repose sur le paiement à l’acte. Selon l’étude de l’Insee, 27 % des généralistes libéraux complètent leurs rémunérations par une activité salariée. Mais ce revenu complémentaire ne représente finalement qu’une faible part du BNC total : moins de 5 %.
MSP, centres de santé : quel revenu ?
Si le revenu d’un jeune généraliste libéral – installé depuis de cinq ans – s’élève à 5 825 euros net par mois, celui d’un généraliste exerçant en centre de santé oscille de 3 500 euros à 4 500 euros net par mois pour un temps plein. Dans la majorité des cas, les centres de santé communautaires ou associatifs, alignent les salaires sur la grille de rémunération des praticiens hospitaliers. Les centres de santé associatifs non soutenus par les collectivités territoriales, sont moins attractifs que les maisons de santé pluridisciplinaires soutenues par les municipalités et par l’Assurance maladie. La rémunération peut être améliorée à l’occasion de la prise de responsabilités spécifiques au sein du centre (coordination par exemple), ou si l’activité de la structure croît sensiblement.
Des charges incompressibles
Aux variations de revenus liées au type d’exercice, à sa localisation et à son ancienneté, il est utile d’ajouter les écarts dus aux charges que doit assumer le généraliste tous les mois. Si par exemple le jeune installé a racheté un cabinet ou une patientèle, il devra s’acquitter mensuellement du remboursement éventuel d’un emprunt. les patientèles, lorsqu'elles se vendent, ce qui est rare, ont un prix estimé entre 30 et 50 % du chiffre d’affaires annuel du cabinet. Les charges d’URSSAF et de CARMF, basées sur le nombre de consultations s’élèvent à 15 % chacune. À ces 30 % de charges mensuelles, il faut ajouter le cas échéant les frais de secrétariat, d’entretien des locaux, les loyers, le téléphone, les impôts (taxe professionnelle), l’assurance en responsabilité professionnelle, l’électricité, le chauffage, le matériel médical, le mobilier, le petit matériel de bureau, l’informatique… Des frais qui peuvent varier de 1 000 à 3 000 euros par mois environ et dont il faut tenir compte pour réussir son installation.
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