ROSP 2017 : leur prime en berne, les médecins entre incompréhension et colère

À l’inquiétude grandissante des médecins à l'approche du versement de la ROSP 2017 ont succédé l’incompréhension et la colère. Après la publication des chiffres par l'Assurance maladie, mercredi, certains médecins déplorent de ne cumuler aucun point pour des indicateurs pour lesquels ils s'estiment performants.

Sur Twitter, alors que le compte officiel de l’Assurance maladie se targue de « premiers résultats encourageants pour un dispositif profondément rénové », les médecins fulminent.

P#ROSP clinique : je suis passé de 5 000 euros (mai->décembre 2016) à 1373 pour ma vraie première année d’installation soit 1/12ème de mon forfait médecin traitant, avec ds absurdités dans les résultats par rapport à ma pratique-pourtant je suis meilleur médecin que l’année dernière

— DrJohn (@DrJohnFa) 25 avril 2018

L’illisibilité totale pour les médecins de leur rémunération ROSP me semble un argument encore plus fort pour sa suppression que la faible qualité des indicateurs choisis. Rien de plus démotivant que d’avoir une rémunération qui semble complètement arbitraire

— Benjamin Mousnier (@benmsnl) 25 avril 2018

Ils se fouteraient pas un peu de nous à la secu et au ministère de la santé en augmentant le prix de la consult de 2€ puis en divisant par 3 le ROSP ? pic.twitter.com/pc0AyjyIzv

— Doc Arnica (@DocArnica) 25 avril 2018

Sur legeneraliste.fr, les médecins évoquent certaines anomalies. « Les statistiques de la caisse sont fausses », affirme le Dr Yves R. « Prenez l'exemple des patients ayant bénéficié d’HBa1c. Tous mes patients sortent avec leur ordonnance de Hba1c à faire tous les 3 mois, soit 4 par an et j'ai 0 point. De qui se moque-t-on ? », s'indigne-t-il.

« Un très mauvais message envoyé aux médecins »

Les syndicats font eux aussi part de leur mécontentement*. Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF se dit très surpris des chiffres. Il assure que certains médecins, dont ni la pratique ni la patientèle n'ont changé, ont vu le montant de leur ROSP baisser de 30 à 50 % par rapport à 2016. « Le versement du forfait structure en juin ne justifie pas une telle différence », analyse-t-il. « C’est pire que ce à quoi on s’attendait. On va vers un rejet massif des médecins de la ROSP », prévient le Dr Duquesnel, qui a l'intention de faire remonter ces cas à la CNAM. Les Généralistes-CSMF ont mis en place un observatoire de la ROSP pour permettre aux médecins de déclarer l'évolution de leur prime.

De son côté, le président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon estime que ce cru 2017 est « un très mauvais message envoyé aux médecins et aux syndicats qui ont pris la responsabilité de signer cette convention ». « Il va incontestablement falloir créer une clause de compensation, sinon les médecins vont perdre totalement confiance en les rémunérations forfaitaires », complète-t-il.

MG France se « félicite d’avoir réclamé l’application de la clause de sauvegarde » et estime que « l'ampleur du rebasage, qui a nécessité l’application d’un coefficient de 1,7, signifie que les indicateurs de la ROSP 2017 ont été mal ajustés ». « La clause de sauvegarde tient lieu de bouée de sauvetage. Certes, elle permet de conserver le volume global des rémunérations, mais pas d’amortir les baisses individuelles très significatives ni de préserver la rémunération initiale », estime quant à lui le SML.

Le syndicat présidé par le Dr Philippe Vermesch a par ailleurs ouvert son service SML ASSISTANCE (sml.cpam@lesml.org) à tous les médecins constatant une anomalie dans le versement de leur ROSP.

[article mis à jour le 27/04/2018 à 11h30]