Sur la coordination, il faut appuyer sur le champignon ! C’est le think tank "Economie santé" des "Echos" qui le martèle en ce début de semaine. A quinze jours de l’ouverture officielle de négociations sur la rémunération du travail d’équipe à la Cnamts le 4 avril et alors que Marisol Touraine en attend des résultats pour juillet, voilà une exhortation qui devrait pousser les uns et les autres à secouer le cocotier du système de santé.
D’autant que ce groupe de travail, réuni sous la houlette du Dr Philippe Leduc (photo) depuis quelques années, ratisse très large, puisque sur la trentaine de ses membres, on compte des syndicalistes médicaux aux positionnements aussi divers que Michel Chassang (CSMF) ou Claude Leicher (MG France), des décideurs comme Jean-Luc Harousseau (HAS), des responsables ordinaux, industriels, hospitaliers ou mutualistes et quelques économistes et experts...
Leur constat commun est qu’en dépit du parcours de soins instauré en 2004, et des expérimentations types ENMR et PAERPA, les choses n’avancent vraiment pas assez, en tout cas pas assez vite. Et de proposer quatre mesures pour bâtir une vraie politique de cooordination des soins. Le chantier "va coûter cher", préviennent-ils en préambule. Peut-être autour de 2 milliards d’euros. Mais ce sera rentable en termes de rationnalisation du parcours des patients. D’autant qu’on a justement l’opportunité de le faire maintenant, en utilisant ce milliard économisé sur l’Ondam 2013 en médecine de ville... "C’est maitenant qu’il faut investir, car sinon le déficit de l’assurance maladie va s’aggraver dangereusement," conclut donc, volontaire, le rapport.
Rémunérer la coordination et pas seulement les soins
Comment faire ? D’abord rémunérer la coordination des soins, au même titre que les soins. Ce principe a visiblement guidé tout le groupe. "Il faut aménager les modes de rémunération qui aujourd’hui ne facilitent pas le travail en équipe autour d’un patient", explique le document, visant notamment la trop grande part encore occupée par le paiement à l’acte. Le think tank propose ensuite d’identifier le coordinateur des soins : a priori le généraliste, mais avec la possibilité pour lui, comme le souligne la HAS, "de déléguer cette fonction", parce qu’on ne peut pas tout faire.
Quoiqu’il en soit, la contribution propose deux leviers pour valoriser la coordination des soins. Ils existent déjà, mais la note invite à les revisiter pour mieux leur faire prendre en compte la coordination des soins : d’abord, la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique), mais "dans laquelle il convient d’introduire des indicateurs prenant en compte le mise en place d’une coordination de soins"; ensuite, les ENMR (expérimentations de nouveaux modes de rémunération).
L’hôpital et les patients doivent aussi jouer le jeu
L’hôpital, de son côté, est invité à davantage jouer le jeu. Aux grands maux les grands moyens, le think tank "économie santé" suggère pour l’y contraindre de lier facturation et réalisation du compte-rendu d’hospitalisation à destination du médecin traitant. "C’est une piste qui aurait le mérite de développer assez vite un paiement à la coordination", parie le document.
Deuxième axe préconisé : le contrat. Pour valoriser la coordination, le think tank propose en effet un maillage de conventions passées par les ARS avec les acteurs de soins au niveau des bassins de vie. Et pourquoi ne pas le faire savoir ? C’est le troisième axe préconisé : par le biais d’une labellisation HAS des solutions de coordination des soins et d’une information pour l’assuré, disponible sur internet. "Chaque patient doit pouvoir savoir si le médecin qu’il consulte dispose d’une organisation de coordination des soins," conviennent les membres du groupe de réflexion.
Le DMP est mort, vive le DICS !
Reste à imaginer les solutions technologiques appropriées pour faire circuler l’information. Le think tank insiste évidemment sur la nécessité de relancer le dossier médical informatisé. DMP, rebaptisé "Dossier Informatisé de Coordination des Soins" (DICS) et qu’il faudra imposer à l’assuré "sous peine d’être moins bien remboursé".
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