Les tendances observées ces dernières années se confirment et la situation démographique de la médecine générale continue de se dégrader. Si le nombre total de praticiens inscrits à l’Ordre (296 755) augmente légèrement, la population de généralistes en activité réelle continue, elle, de chuter selon les statistiques de l'Atlas de la démographie médicale en France, publié ce mardi par le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM).
« Nous avons essayé de ramener la démographie médicale au-delà du simple constat quantitatif pour voir sur le plan dynamique comment celle-ci impactait le présent, pouvait impacter l’avenir et par la même pour servir à la décision politique, puisque c’est finalement l’une des responsabilités de l'Ordre », a précisé mardi le Dr Patrick Bouet, patron du CNOM.
Au 1er janvier 2018, 87 801 médecins généralistes en activité régulière (tous modes d’exercice confondus) étaient inscrits à l’Ordre, en légère baisse par rapport à l’an passé (-0,4 %). Par rapport au 1er janvier 2010, le nombre d’omnipraticiens inscrits à l’Ordre a baissé de 7 %. Comme les années précédentes, l’Atlas prédit que la baisse des effectifs de généralistes devrait se poursuivre jusqu’en 2025. Selon les prévisions de l’Ordre – revues légèrement à la hausse, comparé à 2017 – la France devrait compter à cette date 81 804 médecins de famille. A contrario, les effectifs de médecins spécialistes médicaux (hors MG) et chirurgicaux sont en constante augmentation. Ils sont plus de 110 000 en activité régulière en 2018 et devraient être, selon les projections de l'Ordre, près de 140 000 en 2025.
Presque autant de femmes que d’hommes en activité régulière
La féminisation de la profession se poursuit et chez les généralistes la parité n’est plus très loin. Ainsi, au 1er janvier 2018, 48,2 % des médecins généralistes en activité régulière étaient des femmes, contre 47 % l'an passé. Depuis 2010, la proportion de femmes a grimpé de 9 points. Cette montée en puissance s’explique notamment par la forte proportion de femmes chez les jeunes médecins. Les hommes sont ainsi minoritaires chez les moins de 49 ans et presque deux tiers (64 %) des généralistes de moins de 40 ans sont des femmes.
Le renouvellement générationnel pas assuré chez les généralistes
Cette féminisation, essentiellement portée par les jeunes, permet à l’âge moyen de la profession de se stabiliser. En janvier 2018, les généralistes étaient en moyenne âgés de 50,6 ans, contre 50,8 en 2017 et 50,3 en 2010.
Néanmoins, si le renouvellement de génération – calculé par l’indice de renouvellement générationnel (IR = rapport des médecins de moins de 40 ans / 60 ans et plus) - est largement assuré pour les autres spécialités médicales et presque complet pour celles chirurgicales, celui des généralistes est insuffisant. Leur IR est de 0,86 médecin de moins de 40 ans pour un de 60 ans et plus.
Quatre régions et des DOM-TOM dans le vert
Cette année, quatre régions métropolitaines (Pays de la Loire, Bretagne, Auvergne Rhône-Alpes, PACA) ainsi que la Guadeloupe, La Réunion et la Guyane ont vu leurs effectifs de médecins généralistes progresser. La dernière citée est celle qui en a gagné le plus avec une hausse de 1,90 % par rapport à 2017. Mayotte est la région la plus durement touchée avec une baisse de 3,60 % de ses effectifs de généralistes.
Au niveau des départements, le Territoire de Belfort est celui qui connaît la plus importante progression avec une hausse de 4,76 % du nombre de généralistes entre 2017 et 2018. La Creuse enregistre à l’inverse la plus forte chute avec 7,30 % d'omnipraticiens en moins.
Enfin, le détournement des médecins de l'exercice libéral vers le salariat se confirme une fois de plus. Depuis 2010, les médecins généralistes ont tendance à défavoriser la médecine de ville (- 3.5 points) au profit du salariat (+ 4 points). 56 % des généralistes en activité régulière en 2018 exercent en libéral, 37 % sont salariés et 7 % ont un exercice mixte. Aussi, 62 % des médecins (toutes spécialités) s'inscrivant à l'Ordre pour la première fois s'orientent vers l'exercice salarié.
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