Face aux inégalités d’accès aux soins, la ville de Paris, qui n’est pas épargnée par la désertification médicale, mise ouvertement sur le développement des centres de santé. Selon l’agence régionale de santé (ARS), la capitale compte déjà quelque 300 centres de santé (tous statuts et toutes catégories – polyvalents, dentaires, ophtalmos, infirmiers, etc.) dont seulement 10 centres municipaux (sept polyvalents et trois médico-sociaux). « Nous allons créer sept nouveaux centres de santé municipaux à l’horizon 2026 », a annoncé Anne-Claire Boux, adjointe à la maire de Paris chargée de la santé, en marge des assises des centres de santé parisiens organisés le 6 mars à Paris.
La volonté de la municipalité dirigée par Anne Hidalgo de miser sur la médecine salariée devrait se traduire par un plan de recrutement de « 115 professionnels » (généralistes, spécialistes mais aussi paramédicaux, psychologues, etc.) sur trois ans. L’objectif est d’augmenter de « 30 % » le volume de consultations dans les centres de la capitale en 2026. Ces annonces s’ajoutent à d’autres dispositifs municipaux d’accompagnement existants tel que Paris Med 2 (qui s'attache à faciliter les primo installations et à accompagner les structures médicales confrontées à des problématiques immobilières liées au coût).
La mairie veut aussi aider les centres associatifs en grande difficulté financière. Une enveloppe de 500 000 euros sera débloquée pour financer la rénovation du centre de santé Richerand situé dans le 10e arrondissement. Une autre structure dans le 20e arrondissement devrait bénéficier de subventions municipales. « Ces centres sont le dernier maillon de l’accès aux soins, ils ne doivent pas disparaître », argumente l’adjointe d’Anne Hidalgo.
Paiement à l’acte, modèle économique bancal ?
Mais pour sortir de l’ornière les ex-dispensaires, l’élue parisienne a mis les pieds dans le plat, lors des assises des centres parisiens. « La tarification à l’acte ne permet pas un modèle économique équilibré surtout pour les centres qui prennent en charge la population la plus vulnérable. J’ai écrit trois fois aux ministres de santé successifs pour demander une évolution de la tarification vers une rémunération forfaitaire qui permet d’accompagner des personnes en grande difficulté », confie Anne-Claire Boux au Quotidien, confirmant une revendication croissante du secteur.
Invitée à une table ronde sur le mode de financement, la Dr Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires) a plaidé elle aussi en faveur de la création d’un forfait annuel par patient (capitation) favorisant une prise en charge globale, contrairement au paiement à l’acte qui rémunère au même niveau la prise en charge d’une angine et la consultation d’un patient polypathologique. Pour y voir plus clair, les acteurs attendent toujours le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur les modes de financement des centres de santé.
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