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Dans les Hauts-de-Seine, l’hôpital Foch innove contre l’errance diagnostique

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Publié le 17/05/2024
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Pour raccourcir les délais de prise en charge des patients et éviter d’engorger les urgences, l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine, privé non lucratif) sanctuarise des filières directes entre médecins traitants libéraux et spécialistes hospitaliers.

La filière du rachis aigu fait partie des quatre parcours qui ont vu le jour dans l’établissement

La filière du rachis aigu fait partie des quatre parcours qui ont vu le jour dans l’établissement
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Environ cinquante jours entre le premier examen d’imagerie et la mise en place de la chimiothérapie, et plus de soixante jours si le traitement est chirurgical pour le cancer du poumon… Aujourd’hui, les délais de prise en charge des cancers les plus fréquents restent élevés. Partant de ce constat, l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-seine, Espic) a développé, depuis quatre ans, un parcours de prise en charge plus simple pour réduire considérablement le temps d’attente avant diagnostic et traitement du patient : les filières de soins multidisciplinaires.

L’objectif est de limiter l’errance diagnostique du patient en facilitant la coordination des soins entre les médecins de ville et leurs confrères hospitaliers. Quatre parcours ont vu le jour : SOS diagnostic poumon, SOS gynéco-oncologie, SOS neuro-oncologie et la filière du rachis aigu. Le fonctionnement est simple : un numéro de téléphone unique et une adresse mail sont mis à la disposition de tous les médecins traitants franciliens, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Une consultation en 48 heures

La filière du rachis aigu, la plus récente, a été créée il y a deux ans. Elle cible les patients souffrant de douleurs datant de moins de six semaines et accompagnées d’une limitation de la mobilité et d’une raideur rachidienne. La prise en charge est coordonnée autour d’une dizaine de spécialistes : rhumatologue, radiologue, neurologue, médecin de la douleur, etc. Exerçant au sein des services de neurologie et de médecine physique, la Dr Claire Malot assure avec enthousiasme le lien entre les médecins traitants du secteur et les hospitaliers. « Le généraliste peut appeler le numéro de téléphone ou envoyer une demande par mail pour déclencher une consultation dans les 24 à 48 heures, indique-t-elle. En fonction de mes échanges avec le confrère, soit j’organise immédiatement un rendez-vous avec le chirurgien si cela relève d’une opération chirurgicale, soit je propose une consultation avec un rhumatologue, par exemple à Foch. »

La spécialiste en médecine physique et réadaptation peut aussi déclencher une IRM « dans les heures qui viennent, en cas d’urgence ». Si le médecin traitant ne passe pas par la filière, les délais d’attente pour un problème de dos sont d’un à deux mois. La Dr Malot reçoit « en moyenne un appel ou une demande par mail par jour ». Pour l’instant, ce service a fidélisé une quinzaine de généralistes installés dans le Nord-Ouest parisien (Suresnes, Boulogne, etc.). « Quand le généraliste m’appelle, je sais que la demande est spécifique, une infiltration ou une opération, confie-t-elle. Sur une douleur initiale comme le lumbago, si le patient est pris en charge correctement, on lui évite de se retrouver dans un cercle vicieux de douleur. »

Un numéro de téléphone unique et une adresse mail sont mis à la disposition de tous les médecins traitants franciliens

Échanges rassurants avec des experts

Installée à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) depuis vingt-six ans, la Dr Valérie Nouchi-Rollo utilise avec grande satisfaction ce service. « Aujourd’hui, les urgences sont saturées. La filière permet un gain de temps pour le généraliste comme pour le patient. Les échanges avec l’hôpital se font par messagerie sécurisée. Je reçois les dossiers médicaux des patients sans problème », salue-t-elle. Autre avantage de cette coopération ville-hôpital : l’intérêt d’échanger avec un expert de la pathologie. « C’est pratique et cela me rassure de pouvoir consolider mon diagnostic avec un spécialiste », poursuit la généraliste.

Depuis l'ouverture de la filière du rachis aigu, en 2022, 712 patients ont été reçus rapidement sans passer par les urgences. Déployée il y a quatre ans, SOS diagnostic poumon a été mobilisée pour 1 200 patients atteints d’un cancer du poumon. Là encore, le médecin traitant qui détecte une anomalie parenchymateuse ou du médiastin lors d’un examen d’imagerie contacte le praticien coordinateur de la filière afin d’obtenir une convocation en moins de 48 heures.

La création de ce lien ville-hôpital a ainsi permis de réduire de « près de trois semaines » la prise en charge et le traitement médico-chirurgical du patient, et l’hôpital Foch compte bien faire connaître ces dispositifs. Des soirées de présentation aux généralistes sont régulièrement organisées par l’établissement.

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du Médecin