Comment devenir un as de la nomenclature

Publié le 01/06/2018
Comment épauler les médecins en début d'exercice afin qu'ils se familiarisent avec la nomenclature ? La codification des actes ne nécessite pas de compétence particulière mais de la mémoire, des outils et de l’expérience. Leçon de chose en quatre 4 temps !
Nomenclature

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Sincèrement, devenir un as de la nomenclature… non, rigole le Dr Marie Brosset, porte-parole du syndicat REAGJIR et installée en libéral depuis un peu plus de deux ans, mais il y a des feintes et l’expérience. » Cet autre jeune médecin de ville d’ajouter : « Moi je n’ai pas de problème ; en gros je n’utilise que 4 codes : G – VMD – MEG – VMU ; ils sont prérentrés dans la feuille de soins électronique et voilà ! Pour les actes occasionnels par contre c’est vite fastidieux, » continue-t-il, soudain hésitant et silencieux face à la feuille blanche !

Décortiquer l’animal

L’ajout de nombreuses nouvelles lettres clés dans la convention, la présence de multiples majorateurs, la CCAM pour les actes techniques, les règles de cumuls ou de non-cumul ont fini de perdre les médecins dans une forêt de codes.

« Mais si, il existe une logique », explique de son côté un des metteurs en scène de la nomenclature, le Dr Jacques Meurette, président de la commission de hiérarchisation des actes et prestations (CHAP). « Pour chaque code, 4 lettres : la première pour l’appareil, la deuxième pour l’organe, la troisième pour l’action, la quatrième pour la voie d’abord », explique-t-il à propos de la CCAM. Il suffit de s’en souvenir ou d’utiliser la base CCAM sur ameli.fr !

Justement, d’autres critères participant à la codification viennent borner le choix du médecin dans la liste : ainsi le temps passé avec le patient, la valeur médicale ajoutée (prévention, dépistage), le niveau de complexité (consultation d’annonce, pluri pathologie) et la phase du traitement participent de la décision du choix du code en fin de consultation. Mais lequel ?

Réviser sa copie

L’initiation débute en stage. Le médecin familiarise l’étudiant et lors des consultations en autonomie, ce dernier redouble d’attention pour ne pas oublier de codifier un acte, par exemple un ECG en plus de la consultation. Il en va de même des majorations kilométriques au cours de visites à domicile (IK). En cas d’oubli, c’est pour « sa pomme » !

Mais rapidement une vingtaine d’actes reviennent régulièrement et le praticien les a en tête, c’est juste un coup d’œil sur une grille pour se rassurer. Par contre, lors d’une consultation originale, il faut prendre les quelques minutes nécessaires pour codifier correctement en vérifiant sur la grille de cotation.

« Notre syndicat de jeunes médecins propose un dépliant sur son site, confirme la porte-parole de REAGJIR : je l’ai imprimé en 3 exemplaires, un sur mon bureau, un dans ma sacoche et un dans mon tiroir. Je le consulte à chaque fin d’entretien, c’est un réflexe. »

Et puis plus on pratique, plus on retient : entre deux patients, entraînez-vous et à défaut de vous amuser, améliorez votre score : le site de MGFrance propose un quiz nomenclature.

Il existe aussi des sessions de formation continue spécifiques : « La nomenclature des médecins généralistes qui se résumait à seulement 4 lettres clé au siècle dernier (C, V, K et Kc) est devenue une vraie usine à gaz depuis 10 ans », explique MGForm, en proposant une journée de formation dédiée au sujet !

Le logiciel et la carte Vitale

Par ailleurs, il est incontournable de bien paramétrer son logiciel carte Vitale. Le travail en amont est ennuyeux mais le gain de temps et d’efficacité au cabinet est alors notable. « On évite les erreurs qui sont alors très chronophages à rattraper. Les échanges et les coups de fil à la CPAM sont en général contreproductifs et le médecin las, jette l’éponge, c’est la galère, on perd le bénéfice d’une consultation », rapporte encore le Dr Marie Brosset.

Intérêts et principal

En effet, la nomenclature maîtrisée donne des bases claires pour coter sûrement les actes, et permettre d’optimiser légalement la rémunération.

Il s’agit de valoriser, dans tous les sens du terme, sa consultation, intellectuellement et financièrement. « On utilise la plaquette éditée par le syndicat. Pour une consultation particulière ou originale de diagnostic de « burn-out » ou dépression par exemple avec test Hamilton, écoute et décision thérapeutique on opte pour une cotation ALQP003 à 69,12 euros. C’est intéressant ! », explique le Dr Margot Bayart, vice-présidente de MGFrance.

Il s’agit aussi de rester à la page : avec la nouvelle nomenclature, l’exécution d’un frottis – code GSJKHD001 – est valorisée 12,46 euros en plus des 25 euros de consultation.

Quelques blocages

Mais certains actes restent compliqués voire incompatibles. Ainsi dans une même consultation pédiatrique, on ne pourra pas coter un dépistage auditif et un dépistage visuel ; il n’existe pas de codification qui englobe les deux. Soit il faut proposer deux consultations, soit le 2e acte ne sera pas pris en charge dans une même consultation. Alors ne perdez pas de temps à chercher une codification unique qui n’existe pas !

Quoi qu’il en soit, une bonne communication avec le patient est primordiale afin qu’il comprenne le montant payé pour les actes pratiqués et le remboursement qui en découlera.


Source : lequotidiendumedecin.fr