Dr Bernard Ortolan, président du Haut Conseil du DPC

« Le DPC est un peu comme un paquebot lancé à 30 nœuds »

Publié le 29/03/2021
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Le Dr Bernard Ortolan, généraliste francilien et fin connaisseur du DPC, a pris en janvier les rennes du HCDPC. Il esquisse les perspectives qu’il envisage pour cette instance chargée de conseiller l’ANDPC sur la conduite de la formation continue.

Crédit photo : DR

Comment le DPC se porte-t-il après plus d’un an de crise sanitaire ?

Dr Bernard Ortolan : Le coronavirus a constitué une crise majeure, non pas pour l’ANDPC mais pour les opérateurs du DPC, qui ne peuvent pour ainsi dire plus réunir les gens en présentiel. Comment allaient-ils survivre, payer leur personnel ? Heureusement, ces opérateurs ont su transformer leurs sessions présentielles en sessions virtuelles, et je dois dire que l’ANDPC a été extrêmement réactive sur ce sujet, en autorisant les opérateurs à modifier leurs programmes.

Vous louez la réactivité de l’agence, que beaucoup de généralistes accusent au contraire d'être rigide et suradministrée…

Dr B. O. : Je conçois que certaines contraintes administratives du dispositif soient irritantes. Mais nous sommes en France : le dispositif de l’ANDPC n’est pas meilleur que le reste de l’administration française. Il est compliqué, lourd, ne déroge pas facilement aux procédures réglementaires… On peut le faire bouger, mais cela prend beaucoup de temps. C’est un peu comme un paquebot lancé à 30 nœuds : vous avez beau tourner la barre, il ne vire pas tout de suite. Et malgré tout, nous mettons sur la table chaque année 200 millions d’euros, qui sont consommés chaque année en totalité, donc dans une certaine mesure, cela ne fonctionne pas si mal.

Malgré ces sommes impressionnantes, tous les généralistes ne se forment pas. Comment l’expliquer ?

Dr B. O. : On doit d’abord souligner que 200 millions, même si la moitié est consommée par les médecins, c’est loin d’être suffisant. La question est : s’il y avait plus d’argent, est-ce que les généralistes se formeraient davantage ? On sait par expérience qu’environ un tiers de la (profession) se forme de manière très régulière, un tiers se forme de temps en temps et un tiers ne se forme jamais, ou en tout cas pas d’une manière que l’on peut identifier. D’éventuels fonds supplémentaires risqueraient d’être surtout utilisés par le premier tiers.

La future obligation va-t-elle changer la donne ?

Dr B. O. : Quand le document de traçabilité (DDT) sera en place, on pourra, à l’issue de chaque période triennale, vérifier non seulement les actions de formation effectuées dans le cadre de l’ANDPC, qui y seront automatiquement enregistrées, mais aussi les actions financées par le Faf-PM ou les congrès, qui y seront ajoutées par le médecin. L’Ordre pourra donc vérifier si les efforts enregistrés dans le DDT sont suffisants.

Et qu’arrivera-t-il à ceux dont les efforts seront jugés insuffisants ?

Dr B. O. : L’Ordre souhaite avoir ces informations de manière annuelle pour pouvoir repérer ceux qui ont besoin d’être sensibilisés ou accompagnés. Avec l’Ordre et l’agence, nous travaillons afin de faire des propositions qui pourraient intervenir avant l’été.


Source : Le Généraliste